Reprendre ses études : premier semestre, premier bilan.

En août dernier, je publiais un article pour annoncer ma décision de retourner sur les bancs de l’école pour un master 2 en économie sociale et solidaire. Après 4 mois de cours, la seconde phase de cette formation – le stage – a commencé. J’ai pensé bon de vous dresser un bilan de ce premier semestre pas toujours évident… Bonne lecture !
En écho à cet article où j’annonçais ma reprise d’études, j’ai voulu profiter d’un séjour hivernal en Bretagne pour immortaliser quelques moments paisibles et reposants.
Il y a eu des difficultés – que je vais balayer rapidement – et de vrais moments de fierté. Ces 4 mois de cours furent intenses. Je vous dresse un bilan de tout cela, afin que si l’envie vous prend de reprendre vos études, vous ayez un témoignage en toute honnêteté.
Les difficultés
Je savais que le changement de rythme entre une vie professionnelle et une vie étudiante ne serait pas évident. Je savais aussi que j’aurais beaucoup de travail le soir et les weekends, et que ma vie sociale devrait être mise entre parenthèse. Un sacrifice pour la bonne cause, en somme !…

Faire face aux clichés
Mais ce que je ne savais pas, c’est la stigmatisation à laquelle j’ai été confrontée, auprès de personnes ne faisant pas partie de mon entourage proche. Quand j’expliquais que je reprenais mes études, il y avait deux types de réactions :
- L’incompréhension : t’étais lancée dans la vie professionnelle, pourquoi tu t’arrêtes pour retourner étudier ? T’es perdue dans ta vie?
- L’infantilisation : « tu t’es acheté un sac à dos? », « tu t’es fait des copains ? », etc.
La première réaction ne me dérangeait pas tant que ça puisque lorsque l’on ne connait pas le contexte de cette décision, ce n’est pas si évident que cela de comprendre qu’elle a été murement réfléchie et qu’elle a un objectif précis.
Quand à la seconde, c’est autre chose… Elle me faisait de la peine, et pas uniquement pour moi. C’est avec ce type de réaction que j’ai compris à quel point la reprise d’études n’est pas si bien considérée, en France. Dans d’autres pays, et notamment aux Etats-Unis, c’est très fréquent de voir des personnes âgées de plus de 25 ans retourner étudier, après quelques années d’expérience. Cela s’explique par la facilité à changer de voie, et aussi parce que les frais de scolarité sont très élevés.
Je levais plutôt les yeux en l’air de sidération quand je me prenais ce genre de remarques mais à aucun moment cela a remis en cause ma décision. J’ai voulu parler de cela puisqu’il s’agit d’une réalité : le regard des autres n’est pas toujours bienveillant. Pas besoin de convaincre les autres si vous êtes convaincu par votre projet !
En France, « changer de voie » – bien que cela concerne de plus en plus de personnes qui veulent donner du sens à leur métier – reste encore peu courant. Et reprendre ses études, encore moins… Ce n’est pas quelque chose qui est, à mon sens, suffisamment valoriser. Je trouve cela bien dommage car l’expérience et la maturité apportent une autre dimension à la formation. C’est-à-dire que l’on n’est pas blasé par ce que l’on fait- puisqu’il s’agit d’un vrai choix – , que l’on est aussi très exigeant avec le contenu du travail que l’on rend, et que l’on sait que l’éventuelle absence de rigueur peut avoir un impact négatif sur les autres.

Douter de soi
Même si la maturité professionnelle est là, la confiance en soi reste encore et parfois à améliorer…
La première semaine de cours, je suis rentrée chez moi le vendredi soir et j’ai pleuré une bonne partie de la soirée. Pourquoi ? Parce que je doutais fortement de mes capacités intellectuelles à pouvoir réussir cette année avec succès. Eh oui… Quand on reprend ses études, ce n’est pas pour rien. On se met vite la pression parce que l’on veut donner le meilleur de soi-même.
Alors, j’ai fini par écouter un excellent conseil qui m’a été donné par celui que j’aime : si tu es là, c’est que tu mérites d’y être. Et d’un coup, la pression est retombée. J’ai réalisé que si j’avais été choisie, c’est que ma place est légitime, que je l’ai vraiment voulu et que j’avais entièrement les capacités de travailler pour y arriver ! 🙂
Les réussites
Apprendre chaque jour
En parlant de travailler… il y en avait du travail ! Mais comme c’était bon de sentir que ses neurones fonctionnaient à un rythme soutenu, que l’on apprenait quelque chose tous les jours et que son esprit s’aiguisait au fil de la formation.
Ces quelques mois de cours m’ont permis d’avoir un esprit plus critique notamment sur des sujets politiques, et liés à l’économie. J’ai découvert et appris tellement de choses ! C’en était presque grisant.

Se révéler à soi-même
Ce terme de « se révéler à soi-même » peut sembler un peu naïf… Pourtant, c’est ce que je ressens.
Lorsque j’étais plus jeune, j’étais très timide. Au point où je n’osais pas parler tout haut devant toute la classe, parce que je ne voulais pas me tromper, ou que l’on se moque de moi. Plus tard, quand j’étais étudiante en école de commerce je ne m’intéressais pas à ce que je faisais. Et puis en école de mode, tout restait très… superficiel.

Là, avec cette formation en économie sociale et solidaire, c’était complètement différent. Non seulement, c’était quelque chose que j’avais envie de faire depuis plusieurs mois, mais en plus le sujet central était militant et politique. Donc forcément, ça a fait BOOM dans ma tête – enfin presque. Si j’avais envie de prendre part activement à ces études, il fallait que je m’investisse réellement. Et c’est là où j’ai enfin vu tous les bénéfices de l’expérience, et donc de la confiance en soi !
Je n’avais plus peur de m’exprimer – bien au contraire. J’étais constamment curieuse, intéressée. Je me sentais vive et dans mon élément ! Bon, du coup, il m’arrivait d’être un peu trop bavarde parfois…
Pour résumer, ce que je veux dire c’est que ces premiers mois de formation m’ont permis de me révéler à moi-même dans le sens où j’ai gagné confiance en moi, en mes capacités de travail, de rigueur, et en mes convictions politiques (au sens large).


La suite, c’est quoi ?
La suite, c’est un stage de 6 mois avec mémoire de recherches en parallèle. Donc c’est pas du tout fini ! Je dirai même que les choses très sérieuses ont commencé parce qu’un mémoire ça se fait… Tout seul. Ou presque (thank god un directeur de mémoire existe !).
J’ai choisi de faire mon stage dans une association d’insertion sociale. Et c’est là où ma formation est devenue une vraie force : elle a ouvert mon esprit au champ social – qui jusqu’alors me paraissait trop éloigné de ce que je me sentais capable de faire. La raison qui m’a poussé à faire ce choix ? J’ai compris que la démocratisation de l’écologie ne pourra pas se faire sans une meilleure considération des problématiques sociales. Et si vous voulez que j’épilogue là-dessus, ça sera avec plaisir… Mais je vais vous épargner cela pour le moment ! 🙂
En bref : je suis TELLEMENT heureuse de mon choix – considéré comme audacieux par certains – de reprendre mes études. Il n’y a pas un jour où j’ai l’impression de n’avoir rien appris. J’en ressors grandie, plus avertie, plus militante aussi. Mais comme c’est bon !

xoxo
Elena sans H
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