Le stérilet cuivre : mon avis sans tabous
Le stérilet en cuivre, ce tout petit parapluie qui sert de contraception non hormonale et qui nous vend du rêve. Je suis trentenaire et chez les femmes de ma génération, c’est un dispositif régulièrement utilisé – après la pilule. On en parle souvent comme une solution géniale pour être davantage connectée à son corps. Mais ce que j’aurais bien voulu savoir avant de le faire poser, ce sont les conséquences qu’il aura sur mon cycle et mon quotidien. Alors, j’ai décidé de vous raconter mon expérience avec le stérilet en cuivre et d’en parler sans tabous. On y va ?
Le stérilet en cuivre : pourquoi j’ai choisi cette contraception ?
Après plusieurs années de pilule on and off depuis mes 16 ans, je commençais à ressentir un besoin pressant de ne plus ingérer quotidiennement d’intrants chimiques. J’avais le sentiment de ne plus être connectée à ce corps, à mes émotions. J’étais perdue quant à mon ressenti réel et celui que provoquaient ces hormones. J’avais une absence totale de libido, en plus d’humeurs ultra changeantes.
Au même moment, j’ai commencé à me renseigner sur l’histoire de la pilule contraceptive. Je voulais comprendre d’où elle venait, si elle était si mauvaise que ça. C’était en 2017, on commençait à peine à prendre conscience des effets de ce médicament sur notre corps et notre psychisme.
Tout cela s’intégrait dans une démarche globale de remise en question de mes pratiques. L’écologie prenait une part de plus en plus importante dans ma vie, et avec ça, le self-care aussi. La recherche de cohérence m’a mené à arrêter la pilule en septembre 2017. C’est alors qu’une vague d’euphorie m’a emporté : je ressentais à nouveau mon corps, mes sensations, mes envies et émotions. Tout était plus connecté. Je me sentais aussi plus apaisée, plus heureuse de vraiment tout ressentir. Cinq mois à peine après l’arrêt de la pilule, mes règles étaient revenues, je pouvais donc passer à l’étape du stérilet cuivre.
Petit histoire du stérilet
Si vous me lisez depuis un moment, vous savez que j’aime comprendre d’où viennent les choses. Comme dans mon article sur les injonctions à porter un soutien-gorge, j’ai regardé un petit docu Arte pour l’occasion.
Voici ce que j’ai retenu.
Le stérilet a été inventé au début du 20ème siècle – même s’il existerait des traces plus ancestrales. Il a connu un léger essor dans les années 30 et 60. En 1928, un médecin fait des recherches sur l’insertion d’anneaux d’or, d’argent et de fer dans l’utérus des femmes. Je vous laisse imaginer qui étaient les cobayes…
Avec les années 50 arrive l’utilisation du plastique pour remplacer les matières utilisées jusqu’alors. En 1963, la vente et la promotion de contraceptifs sont encore interdites en France. C’est en 1967 que le mot de “stérilet” est inventé. Il renvoie à l’idée de stérilité temporaire et réversible.
Bien qu’il participe à l’émancipation des femmes et des couples, le stérilet – comme toutes contraceptions – est aussi un outil de contrôle du corps des femmes et de leur fertilité. Par exemple, dès les années 60, des campagnes massives visant les pays du Sud offrent la pose du stérilet – souvent sans le consentement des femmes. En 1979, la promotion du stérilet sans fil en Chine empêche les femmes de le retirer. Très vite, le stérilet devient un objet géopolitique : il permet de contrôler la surpopulation mondiale, tout en évitant la diffusion du communisme (selon les croyances états-uniennes). Il est peu cher et n’a pas besoin d’un suivi régulier. Beaucoup plus récemment, le stérilet serait devenu le moyen de contraception imposé aux femmes Ouïghours par le gouvernement chinois. Cela se fait sans leur consentement et participation à la qualification de génocide de la population Ouïghour.
Aujourd’hui, 159 millions de personnes utilisent le stérilet. C’est le troisième moyen de contraception le plus utilisé.
Tout cela me retourne complètement l’estomac. Les moyens de contraception ont cette affreuse ambivalence entre émancipation des femmes qui peuvent contrôler leur souhait ou non d’avoir un enfant, et la domination masculine et capitaliste perpétuelle.
Le stérilet en cuivre : les avantages existent
Bye bye la charge mentale
Lorsque je prenais la pilule, j’avais tendance à l’oublier régulièrement. La charge mentale d’y penser tous les jours était pesante, sans compter tout le stress de l’oublier, de tomber enceinter, de faire un déni de grossesse, etc.
On oublie souvent tout ce qu’il se passe dans la tête d’une femme qui porte finalement le poids de sa fertilité et de celle de son partenaire. Nous avons appris à nous taire sur tout ce qui nous passe par la tête, sur le stress que l’on ressent. On se tait sur toutes les petites voix qui nous angoissent. Mais n’oubliez pas qu’elles existent. Que la moindre des choses que vous puissiez faire, c’est de faire preuve d’empathie.
Ainsi, l’avantage considérable du stérilet c’est de se libérer d’une charge mentale quotidienne. Plus besoin d’y penser : tant qu’il est bien installé, il est efficace à 99,8%.
Libido, le grand come back !
Encore une fois, la fichue pilule avait chamboulé ma libido. Absence totale. Incapacité à désirer l’autre et à me désirer moi aussi, par la même occasion.
Avec l’arrêt de la pilule, c’est le grand retour de la libido : les hormones sont on fire ! Grâce au stérilet cuivre – et donc non hormonal – on retrouve une libido normale. Elle suit nos fluctuations hormonales. Elle suit nos envies et nos absences . Et vraiment, c’est génial. On se sent revivre ! En tous cas pour moi, c’est l’effet que ça a fait.
Une connexion plus forte à son corps
Le retour de la libido s’accompagne aussi d’une connexion plus forte, plus intense à ses sensations corporelles et émotionnelles. Je suis alors devenue beaucoup plus sensible à mes cycles, en parvenant à savoir quand je suis en ovulation, quand je suis en SPM, quand j’ai des chutes hormonales, rien qu’en observant mon corps et mon état d’esprit.
RIP les déchets
Forcément, avec la pilule contraceptive, on produit beaucoup plus de déchets : entre les emballages, les ordonnances et tout ça… Au moins, avec le stérilet, c’est un seul emballage pour 5 ans !
Passons maintenant aux inconvénients du stérilet cuivre, parce que c’est ça qui m’aurait vraiment intéressé avant de faire ce choix contraceptif.
Le stérilet en cuivre : les inconvénients sont (trop) nombreux
Des règles douloureuses et abondantes comme jaja
Dès lors que la pose du stérilet fut faite, c’était le début des emmerdes de règles. Bon déjà, la pose fut vraiment pénible : j’ai cru m’évanouir tellement la douleur était vive. Soyez accompagnée si vous faites une pose de stérilet !
Les premières règles après la pause ont été affreuses. Je me pliais de douleur à tel point que je ne pouvais pas faire mes activités habituelles. Je redoutais le fait de devoir travailler lors de mes premiers jours de règles tellement c’était inconfortable et douloureux. La seule chose qui faisait à peu près passer la douleur, c’était un ibuprofène.
Au bout de 6 mois, les douleurs ont commencé à s’atténuer pour quasiment disparaître pendant 1 an – voire 1 an et demi. Et puis, elles sont revenues au premier confinement.
Niveau douleurs, j’ai donc eu 1 an et 1 an et demi de répit sur 3 ans et demi avec stérilet cuivre.
Quant à l’abondance des règles… J’avais clairement l’impression d’être une adolescente vivant ses premières règles : incapacité à gérer les flux, ça fuyait de partout malgré des culottes menstruelles ++ ! Vraiment, pendant bien 6 mois, c’était l’horreur. Je me sentais démunie.
Et puis pareil, ça s’est légèrement atténué, même si ça reste très abondant les 2-3 premiers jours. D’ailleurs, mes règles durent une semaine. Donc c’est long.
Un trouble dysphorique prémenstruel
Je pense qu’aujourd’hui, nous avons toutes et tous entendu parler du syndrome prémenstruel : ce fameux SPM. Mais avez-vous déjà lu le terme de “trouble dysphorique prémenstruel” ? C’est au détour de quelques recherches que j’ai découvert ce terme, il y a un an.
Pour résumer – car j’ai prévu un article à ce sujet – le trouble dysphorique prémenstruel est une version hardcore du SPM. Selon ma sage-femme, ce type de SPM +++ pourrait être dû à l’infllammation causée par le stérilet cuivre. Je vis difficilement mon SPM qui en plus de cela est souvent long. Si je fais le calcul, j’ai à peine 2 semaines de répit par mois. Les 2 autres semaines sont une lutte contre mes humeurs et mes règles.
L’ovulation ne se passe pas toujours dans le plus grand des calmes
Alors oui, on vit une ovulation “normale”, qui n’est pas stoppée par des hormones chimiques. Mais, des phénomènes physiques étonnants peuvent arriver *attention, séquence cra-cra*.
Il se peut que vous saignez pendant votre période d’ovulation. Jusque là, ça va, même si c’est chiant.
Mais le pire… c’est des pertes visqueuses qui s’apparentent à des pertes blanches très denses. Les 6 premiers mois, j’en avais tout le temps et je trouvais ça immonde. Après ça s’est calmé mais ça revient de temps en temps. Comme ça, vous savez.
D’après mon expérience, le stérilet cuivre a eu plus d’inconvénients que d’avantages. Toutefois, il n’existe pas de contraceptions idéales. Il faut prendre conscience de tous les éléments qui entrent en jeu pour faire le choix le plus adapté à soi. Typiquement, si vous souffrez déjà de règles douloureuses et abondantes, je ne vous recommanderai pas le stérilet cuivre. Il s’agit de mon expérience personnelle. Peut être que vous connaissez des femmes pour qui c’est l’idéal, et dans ce cas, je vous recommande de confronter leur vécu. 🙂
Mon stérilet en cuivre, aujourd’hui ?
J’ai 30 ans dans quelques jours. L’un des plus beaux cadeaux que je puisse m’offrir, c’est de le retirer. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de contraception et j’ai envie de voir comment mon corps est “sans rien”. J’ai toujours connu mon corps, mon cycle avec la pilule, avec des pauses brèves, avec un stérilet. Je ne connais pas mes règles. J’ai 30 ans et je n’ai aucune idée de la manière dont mon corps réagit aux règles et au syndrome prémenstruel, au naturel.
J’appréhende et à la fois j’ai hâte de voir comment mon corps ira. Si mon SPM sera tout aussi compliqué, mes règles abondantes et douloureuses. Ou si finalement, depuis tout ce temps, c’est juste un intrant cuivré qui me provoquait ça.
Compte rendu à venir dans quelques mois… 🙂
xoxo
Elena sans H
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