Pour le grand retour du décryptage de termes et concepts féministes, je vais vous parler du wokisme. Alors oui, il ne concerne pas uniquement les questions liées aux injustices sexistes. Mais c’est grâce au féminisme que j’ai découvert ce mot, devenu courant dans mon vocabulaire… Plus précisément : son équivalent français est celui que j’utilise. Je parle alors de déconstruction. On y va ? Le wokisme, c’est quoi ?
Définition
Le terme de wokisme vient de l’anglais “woke” ou “awake”, qui signifie éveiller ou être éveillé.e. Il permet de qualifier les personnes qui sont éveillées aux injustices sociales, et en particulier au racisme et au sexisme.
“C’est être attentif à des formes de vie sociale qui ne sautent pas aux yeux. Qui ne sont pas des manifestations directes ou violentes de racisme ou de sexisme.”
Anne Chemin, pour Le Monde
Dans les sphères liées aux dénonciations de ces injustices sociales et raciales, on parle plutôt de déconstruction. Pour moi, parler de déconstruction est une moyen de parler du travail que l’on fait ou que l’on a à faire sur soi-même en vue de se détacher d’idées et d’actes issus de la société patriarcale.
Par exemple, je vais dire à un ami : “c’est important que tu déconstruises ta vision de la femme dans le couple”. Et là, mon ami va me rétorquer “mais, ça veut dire quoi déconstruire ?”.
C’est parce qu’on m’a souvent retourné cette question que j’ai décidé d’expliquer ce que c’est, d’abord en parlant de déconstruction. Et puis, une amie m’a un jour dit “il est tellement woke, c’est génial”. Et là, ce mot a fait tilte : finalement, j’apprends énormément en échangeant avec les personnes autour de moi ! En ayant une oreille à peine attentive, j’en ai conclu que le terme de wokisme est devenu son équivalent médiatisé.
En bref, le wokisme, c’est le fait d’être éveillé.e sur les injustices sociales qui règnent sur tout un système.
D’où vient le wokisme ?
Le terme “woke”, ou plus précisément “awake”(être éveillé.e en anglais) est apparu dès le 19ème siècle, chez les anti-esclavagistes qui disent qu’il faut être éveillé contre toutes formes d’esclavages. On le retrouve ensuite au début du XXème siècle, aux Etats-Unis, pour qualifier toutes les personnes conscientes des injustices sociales et discriminations subies par les Noirs américains. Puis, dans l’argot Noir américain des années 60. Il est utilisé une fois par Martin Luther King.
C’est en 2014 que le mot revient sur le devant de la scène après le meurtre de Michael Brown par la police avec le “stay woke”. Il devient le mot d’ordre de Black Lives Matter qui dénonce les violences policières et le racisme systémique.
Aujourd’hui, être woke s’étend jusqu’aux luttes climatiques.
Je ne sais pas vous, mais moi, déjà en quelques lignes j’ai appris beaucoup. Par exemple, je pensais que l’idée de déconstruction, d’éveil était plutôt celle des féministes. Mais non ! Le wokisme est intimement lié aux luttes anti-racistes. Mais quand on regarde le paysage social aux Etats-Unis, on se dit que racisme et sexisme sont bel et bien connectés.
Pourquoi le wokisme est un problème ?
Le wokisme en lui-même n’est pas un problème. Pourquoi dire d’une manière de penser et d’agir qui permet une meilleure conscientisation des injustices sociales est un problème ?
Non, aujourd’hui, le problème avec ce terme, c’est qu’il est récupéré par les personnes considérées comme adversaires au wokisme. Il est alors utilisé comme un truc qu’il faut fuir, dont il faut se méfier. Aujourd’hui, il ne serait pas bon d’être “woke”. Tout comme il n’était pas bon être islamo-gauchiste il y a encore quelques semaines.
En somme, les discours des politiques de droite qualifient le wokisme de moralisateur et contentieux. Il vise à disqualifier les luttes antiracistes et féministes.
Comme l’écrit MelleBene :
“(…) Le « wokisme » et les idées progressistes (écologistes, féministes, décoloniales, etc.) menacent l’ordre établi et les privilégié.e.s qui ne veulent rien changer. Discréditer toute idée de gauche dans un mot fourre-tout est purement stratégique, surtout pendant la campagne présidentielle. »
Pourquoi le wokisme est nécessaire ?
Le wokisme permet une conscientisation des injustices
Nous l’avons déjà vu plusieurs fois : l’essence même du wokisme, c’est d’être éveillé.e sur les injustices sociales et raciales. Des injustices qualifiées de systémiques : qui ne seront pas forcément évidentes à déceler, sauf si l’on a conscience de la domination patriarcale, des inégalités d’accès à l’emploi, au logement, etc.
Le wokisme crée du lien et renforce la solidarité
Selon moi, avoir conscience des injustices systémiques et se déconstruire sur celles-ci permet de créer davantage de liens avec les autres. Loin de participer au communautarisme – un des arguments avancés par la droite – le wokisme permet au contraire de s’intéresser davantage à l’autre et à sa position dans la société. Il permet aussi une empathie plus grande pour les conditions que nous ne connaissons pas et donc renforce la solidarité entre individus.
Le wokisme permet des changements systémiques
Prenons le temps de reconnaître toutes les avancées sociales qu’a permis le wokisme, à travers les générations. Lutte contre l’esclavage, contre la ségrégation, accès à la contraception, à l’avortement,… Toutes ces luttes fondamentales découlant de la domination blanche et patriarcale. Sans le wokisme, sans l’éveil, les systèmes en place auraient-ils évolué ? Je ne crois pas.
Comment poursuivre son éveil ?
Pour moi, il est nécessaire de ne jamais considérer son éveil, sa déconstruction, comme acquis. Tout comme l’apprentissage : il ne cesse jamais. Il y aura toujours des choses, des actes, des paroles à déconstruire. Et c’est tant mieux ! Cela prouve que notre société évolue, que les dialogues se créent et que nous sommes finalement, quand même un peu, dotés d’une certaine intelligence.
- Je vous invite à regarder cette vidéo où Ben Névert parle très bien de son rapport à la déconstruction : https://www.facebook.com/watch/?v=971296453449591
- Mon article sur le féminisme intersectionnel pourra également être une piste de réflexion.
- Continuer à écouter les podcasts que je vous recommande souvent : Les Couilles sur La Table, Sans Blanc de Rien ou Kiffe ta race
- Et puis… avoir l’humilité d’accepter les critiques et la remise en question si une personne victime d’une injustice sociale vous pointe du doigt.
Sources :
Bonjour ! J’espère, après mon envoi précédent, qu’il sera publié, (ai-je le droit de douter ou est-ce que cela est une macro-agression?). J’aimerais beaucoup débattre après avoir lu d’autres articles qui m’imposent des questions vu cette accumulation d’idées subjectives et très égocentriques, un jugement accusateur permanent et des sources peu nombreuses. Suspens…
Bonjour,
Je suis seule à gérer, modérer mon blog, en plus de mes autres activités professionnelles.
Je prends le temps de répondre si je pense que ça sera constructif. Dans tous les cas, c’est une grosse charge mentale pour moi donc ça ne se fait pas en 1 journée. Merci de votre patience.