Ce mois de janvier est compliqué. Déprime hivernale ? Cela se pourrait bien. D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’en janvier, je suis “à plat”. Il y a deux ans, j’étais même sur la pente descente vers un burn out dépressif. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous en parler pour – peut être- vous aider.
Le burn out késako ?
Le burn out, un mal bien connu de notre génération – la faute à une société capitaliste ancrée comme jamais (ça, c’était pour satisfaire la version politico-révoltée de moi-même). On en entend parler à tout va, mais sait-on vraiment ce que c’est ?
Le burn out n’est pas à confondre avec du stress ou du surmenage
Je témoigne trop souvent de personnes qui se disent être “en burn out” alors qu’il s’agit plutôt de stress ou de surmenage, sans en arriver au stade du burn out. Ce dernier aura des conséquences bien plus importantes que je décrirai ensuite.
Le stress et le surmenage restent gérables et on peut « revenir en arrière » en quelque sorte. Par exemple, j’ai déjà été surmenée et j’ai juste eu à « lever le pied » pour aller mieux. On peut ressentir des alertes, être à l’écoute de soi et prendre le temps de souffler. Toutefois, soyez vigilant.e et restez à l’écoute de votre corps, toujours.
C’est le cerveau qui n’a pas pu dire “stop”.
Alors, à la question, le burn out, c’est quoi ? voici ce que je réponds : c’est la sensation que tout est oppressant, que tout est insurmontable, qu’on a envie de tout faire mais qu’on y arrive plus parce qu’on pleure sans cesse, que notre corps nous envoie des alarmes et qu’on s’écroule. En fait, c’est notre cerveau qui est en zone rouge écarlate, en trop plein. Pour moi, c’est aussi et surtout le cerveau qui n’a pas pu dire “stop” parce qu’il n’a pas été écouté. Alors il balance des signaux là où il peut.
Par exemple, moi, j’ai fait des cystites (c’est le truc que je fais quand ça va pas du tout), j’avais des tremblements, des nausées souvent après les réunions, des étourdissements. Je faisais aussi beaucoup de crises de panique. Ce sont ces signaux physiques qui ont sonné l’alarme « psy ». Ni une, ni deux…
« Eléna, tu es en burn out dépressif »
Je me souviens de ne pas m’être sentie soulagée – même si le diagnostic était posé. J’ai dû me mettre illico en arrêt maladie et commencer un traitement d’antidépresseurs et d’anxiolytiques (pour le début). C’était un coup de massue. J’allais véritablement mal et c’était super dur à encaisser. J’acceptais difficilement la prise de médicaments, mais je ne voyais plus d’issues. Je savais qu’ils m’aideraient à neutraliser mes émotions (et ça, je dois vous dire que c’est un excellent argument).
Je précise “burn out dépressif” parce que c’est le terme employé par mon ancien psy (je vois quelqu’un d’autre aujourd’hui). Il s’agissait de souligner que j’étais à la fois en burn out et en dépression. Souvent, l’un est déclenché par l’autre. Rétrospectivement, je pense que c’est par une dépression que je suis arrivée au burn out.
Comment on se sent, pendant un burn out ?
J’avais écrit un petit quelque chose au début de mon burn out, pour documenter ce que je vivais :
Ce qui est difficile ce sont les gens qui – par soucis de bienveillance, vont te demander quelle est la suite. Alors qu’imaginer les activités pour une journée te semble déjà difficile à surmonter. Alors que les réserves d’énergie que tu as sont épuisées et que d’imaginer ce que tu vas faire, ne serait ce qu’une heure plus tard peut paraître insurmontable. C’est une lutte contre moi-même permanente, pour rester active, pour éviter de rester dans mon lit ou dans le canapé toute la journée. Se bousculer pour trouver la force de sortir.
Donc quand quelqu’un vous dit qu’iel est en burn out, soyez compatissant.e et parlez du moment présent.
Le début d’un long parcours de rémission
Et voilà : c’est parti pour un long parcours de rémission. Déjà, une prise d’antidépresseurs, c’est pour au moins 6 mois. En plus, le cerveau ayant été poussé, compressé, comprimé… Il est traumatisé et le parcours pour aller mieux peut prendre au moins 1 an.
Deux ans plus tard, je sens que je suis toujours en hyper vigilance dès qu’une situation professionnelle n’est pas ok, soit parce que je suis maltraitée par la hiérarchie, soit parce qu’on m’en demande trop (d’ailleurs, les deux vont souvent ensemble).
2 ans après le burn out
J’ai mis du temps à arrêter le traitement d’antidépresseurs – la rupture brutale de juillet 2021 n’a pas dû aider, c’est sûr. La dernière fois, c’était mi octobre 2022, soit un an et demi après la première prise.
Aujourd’hui, je ne dirai pas que je suis tout le temps sereine parce que j’ai dû réapprendre à vivre avec mes émotions – oui, celles qu’on avait neutralisées pendant 18 mois. C’est pas tous les jours facile d’être une (vraie) hypersensible (malgré tout le marketing autour de ce terme, faut bien que je l’utilise à un moment).
Le traumatisme émotionnel et psychologique est toujours là. Il me permet de me protéger, de repérer les signaux, les petites choses qui peuvent mener à ça. Bien sûr que j’aurais préféré éviter de passer par cet événement. Mais au moins maintenant, je sais. J’arrive à mettre des limites, ce que je ne faisais pas avant. J’arrive à dire non même si ça reste difficile. Je travaille pour moi, pour aller au mieux du mieux. Vivre ce truc assez horrible m’a permis de savoir que je ne voulais plus jamais le revivre.
xoxo
Elena
Bonjour,
Je me retrouve totalement dans votre témoignage, merci pour ce partage d’expérience difficile…
On se sent moins seule et incomprise.
Pourrais-je savoir quel antidépresseur vous a convenu et si vous avez repris le travail dans le même poste ou pas du tout ?
J’en suis à 6 mois et aucune perspective ne me semble surmontable…
Merci d’avance.
Adeline
Bonjour Adeline,
Je ne préfère pas citer de médicament ici car le mieux est d’en parler à un pro de santé.
Courage ! Depuis, je ne suis plus salariée… complètement traumatisée par le milieu des start ups !