Mon avis d’écolo sur le festival We Love Green

Cette année avait lieu une nouvelle édition du festival écoresponsable We Love Green. Comme à chaque fois, les exigences environnementales semblent de plus en plus strictes. Mais sont-elles vraiment respectées ? A travers mes observations lors de ce weekend caniculaire, je vous fait part de mon avis d’écolo sur le festival We Love Green. Bonne lecture !

Les 1er et 2 juin derniers, j’ai eu l’occasion de me rendre au Bois de Vincennes pour passer deux jours à l’un des festivals les plus appréciés de France, tant pour sa programmation que pour son image et ses engagements « green ». Je précise que c’est avant tout en tant que bénévole pour un stand de restauration que je m’y suis rendue. Assister à des concerts et observer ce qu’il s’y passait était un vrai +, on ne va pas se mentir… 🙂 Loin de moi la possibilité, aujourd’hui, de m’offrir un weekend aussi onéreux (vraiment, c’est cher) avec mon budget d’étudiante en formation.

Quoiqu’il en soit, j’ai eu l’occasion de pas mal me promener sur le festival, et de voir ce qui avait été mis en place, de rencontrer quelques associations, de mourir de chaud, et surtout de voir qu’il reste encore une bonne marge de progression pour que cet événement soit vraiment écoresponsable. Forcément, un festival, un tiers-lieux, bref… Tout lieu qui souhaite être tamponné « respectueux de l’environnement » fait face à de nouveaux défis, des progrès à faire à chaque nouvelle étape. C’est pourquoi, pendant longtemps, j’ai été très sceptique quant à la vague verte sur laquelle surfait ce festival. Puis, au fil des saisons, les engagements sont devenus pour pointus, plus travaillés. Mais, qu’en est-il vraiment ?

Pour répondre à cette question, il faudrait être dans les coulisses de gestion de ce festival. Chose que je ne fais pas actuellement, hein. Cela dit, de mon point de vue d’écolo, je peux tout à fait proposer quelques axes d’amélioration et souligner les efforts faits… et les incohérences.

Les engagements du festival We Love Green

Inutile de s’étayer là-dessus, vous pouvez retrouver la liste des engagements écoresponsables du festival sur leur site. Je m’arrêterais néanmoins sur quelques points pour les commenter ci-dessous.

We Love Green x Ecosia : 80 000 arbres plantés !
Ecosia, c’est le moteur de recherche « green » qui propose de planter 1 arbre par recherche web. Sauf que, ça passe par le moteur de recherche Bing qui ne protège pas les données (je sais, y’a souvent un « mais »). Je trouve que c’est une chouette idée, particulièrement pour des arbres plantés en Indonésie qui manquent cruellement de mangroves actuellement et c’est important que celle-ci soit encadrée par le Jane Goodall Institute car souvent, planter un arbre est un axe de greenwashing pour les marques (je pense à Faguo par exemple) car un arbre planté à un endroit inutile… n’a pas d’intérêt.

Les points à améliorer

Zéro Plastique à usage unique sur le festival !
Cela fait partie de la charte d’engagement du We Love Green, et se fut respecté par les prestataires en restauration. Evidemment, si la charte n’est pas respectée, un prestataire se verra refuser l’accès au festival. De plus, un jury sélectionne les restaurateurs en amont, et à accès à tous les critères à respecter. Oui, mais…

Qu’en est-il du stand Honest ? Sorry les gars, mais sur ce stand, il n’y avait quasiment sur du plastique à usage unique : les bouteilles en plastique. Et le sol en était jonché le dimanche matin… De plus, j’ai eu le témoignage d’un restaurateur affirmant qu’une montagne de bouteilles en plastique avait été constituée le lundi matin… C’est triste.
D’autre part, je rappelle aussi que la marque Honest, bien que bio, soit issue du groupe Coca-Cola : multinationale qui va à l’encontre de tous les engagements écologiques qu’il soit.

La neutralisation carbone des artistes :
J’aimerai beaucoup savoir en quoi cela consiste ? Beaucoup d’artistes étaient internationaux, et ont forcément pris l’avion. Les artistes français ont-ils pris des transports moins énergivores ? Nous n’avons pas suffisamment d’informations sur ce point. Le greenwashing peut facilement s’infiltrer…

Paris Nous Nourrit ! Traçabilité des fournisseurs et produits
Cette année, les restaurateurs avaient pour obligation de proposer des produits contenants au minimum un ingrédient local (en plus de la charte bio), ce qui est une belle avancée. La chose qui m’a déçu c’est de voir autant de stands carnivores sur le site. Si on se dit écolo, on se doit de proposer une offre de restauration qui respecte l’environnement. J’ai trouvé cela incohérent de proposer pléthores de burgers de boeufs et autres viandes dans un festival green. On pourra me dire ensuite qu’il faut que la carte convienne à tout le monde. Mais si on se plie perpétuellement à vouloir plaire à chacun, on ne changera jamais rien. Je pense sincèrement qu’il faut faire preuve de plus d’engagement au risque de passer pour radicale (en soit, aujourd’hui être radical dans l’écologie, ça fait sens !) et arrêter de se limiter au bon plaisir d’autrui.

Cela dit, concernant l’alimentation, je souligne la présence de nombreux stands engagés (Le Recho, Freegan Pony, etc) et la distribution des invendus aux associations. C’est indispensable. Bravo pour cela.

Eau gratuite sur le Festival
Ce point me semble tellement basique et essentiel. Il y avait davantage de points d’eau cette année que l’année précédente. Bravo ! Cela dit, ils n’étaient visiblement pas bien indiqués puisque c’était la question #1 des clients sur le stand sur lequel j’étais bénévole.

100% de la vaisselle est compostable et compostée
Une chouette chose sur un événement où il est difficile d’apporter ses tupperwares… Cela dit, les festivaliers n’en n’avaient que faire du tri, et malgré des panneaux de signalétiques, la vaisselle compostable se trouvait souvent au milieu d’autres déchets. QUID d’une éducation au tri ? Je trouve que cela serait vraiment efficace d’avoir de vrais stands dédiés sur le tri, avec une formation sur le compost. D’ailleurs, où étaient les poubelles pour le compost ? Je n’en n’ai vu nul part… Peut être que le tri est fait dans un second temps ? La gestion des déchets semble encore bien difficile à gérer.

On pourra aussi me rétorquer que les festivaliers viennent pour s’amuser et prendre des produits pour planer (à partir de 20h le samedi, c’était l’enfer)… Mais ne serait-ce pas aussi l’occasion de proposer une autre manière de faire la fête ? De se délester de produits inutiles et nocifs au profit d’une ambiance bienveillante, respectueuse et engagée ? A méditer.

Collecte des mégots
Je pense qu’un festival green devrait interdire la cigarette. Vous allez encore me dire que je suis relou. Vous avez tord. Je pense qu’il faut faire preuve de cohérence et encore une fois, arrêter de vouloir plaire à tout le monde. Clairement, ce truc est un enfer écologique et pour la santé de tous. A savoir qu’un mégot pollue pendant 10 ans 1m2 de terre… Autant vous dire que j’en ai vu une tonne par terre, d’une part par manque d’engagement des festivaliers, mais aussi car il n’y avait que très peu de poubelles à mégots et celles-ci débordaient samedi en fin de journée. Nul !

Mes remarques au-delà de la charte d’engagement

Je vous ai souligné l’incohérence de la présence du stand Honest. Laissez-moi aussi vous exprimer mon dégoût concernant la présence du stand Levi’s, qui est un des tops pollueurs de l’industrie de la mode. La marque fait partie du rapport Greenpeace sur ce secteur, et a été interpellée plusieurs fois sur ses pratiques franchement très douteuses.

D’autre part, malgré la présence de chouettes associations comme Utopia 56, The Surfrider Foundation ou encore Greenpeace, les festivaliers semblaient davantage intéressés par les selfies que par la sensibilisation à l’écologie. C’est un petit peu comme si une bulle a été créée dans une bulle. Les conférences organisées avec des invités de qualité attiraient peu de personnes. Je n’ai pas pu y assister donc je ne saurais vous dire si elles valaient le coup ou pas ! Et puis… parlons des prix : on est d’accord qu’ils sont élevés ? Aussi bien sur les billets d’entrée que sur les offres de restauration. A mon sens, cela participe malheureusement à l’élitisation de l’écologie. Ce sujet devrait être accessible à tous et donc ce type d’événements aussi.

Un festival surpeuplé

Je précise également que j’ai trouvé la circulation particulièrement difficile entre chaque point, voire impossible. Le nombre de personnes présentes était vraiment suffoquant. Il m’ait également arrivé d’avoir peur lorsque j’étais aux abords d’un concert venant de se terminer et que tout le monde courait presque vers l’autre. Si je n’avais pas bougé, j’aurais certainement été tranquillement écrasée. J’ai eu l’impression que la jauge avait été largement augmentée, dans un espace qui lui, est resté à la même dimension.

En bref, mon avis d’écolo sur le festival We Love Green

Pour avoir travaillé pour un tiers lieux dédié à la sensibilisation à l’écologie, je peux vous dire qu’il est difficile, voire impossible pour un lieu accueillant du public d’être absolu parfait. D’une part, et cela a été souligné, les financements viennent de là où il y a de l’argent… En l’occurrence pour le We Love Green, ils venaient notamment de Levis et Coca-Cola (d’ailleurs, plus de transparence sur le financement du festival serait bienvenu!). Libre à l’organisation d’accepter ou non ces financements. D’autre part, chaque événement voit apparaître sont lot d’amélioration… Et son lot de progrès à faire. Les exigences énergétiques, alimentaires, de gestion des déchets étaient plus hautes que les autres années. Comme souligné, beaucoup de choses restent encore à faire avec par exemple une offre 100% végétarienne et vegan, de la vaisselle consignée ? ou encore une vraie sensibilisation sur le tri des déchets.

Ce que je regrette le plus, c’est de voir que ce festival participe à une forme de gentrification de l’écologie, à la fois par l’inaccessibilité des prix, mais aussi parce qu’il attire davantage les personnes intéressées par une image « cool » que par les messages véhiculés par l’événement. Le vrai challenge du We Love Green serait de réunir les personnes autour d’une vraie de vraie sensibilisation : obligation de passer par un stand d’une association, interdiction de produits illicites, interdiction de la cigarette… Et tout cela dans une ambiance tout autant, voire plus festive ! Oui, c’est radical et restrictif, mais à trop vouloir éviter de bouleverser les habitudes des personnes, on n’y arrivera pas…Vous pensez que c’est possible ? A voir avec le temps…

xoxo
Elena sans H

9 Replies to “Mon avis d’écolo sur le festival We Love Green”

  1. Ça serait top qu’ils te lisent et que ça emmène des améliorations pour la suite. Ce festival a le mérite d’exister mais comme tu le dis il faut qu’il se développe de manière un peu plus radicale, et surtout qu’il vire coca cola et Lévis ☺️
    Merci pour ton article !

    1. Merci à toi pour ton commentaire et ta lecture !
      Je les ai mentionné sur Instagram et Twitter… On verra s’il y a réaction ! Je l’espère sincèrement. 🙂

  2. Superbe article ! Malheureusement on est encore loin du festival écologique.. Merci pour ces infos ! Je n’ai jamais pu y aller (vraiment cher) donc je me demandais si c’était réellement engagé. J’ai ma réponse…

    1. Merci Emma pour ta lecture et ton commentaire. 🙂
      Oui, c’est cher… Malheureusement.
      Si tu as l’occasion d’y aller en tant que bénévole d’un stand ONG/asso ou restauration, c’est le meilleur plan (même si tu dois travailler un peu quand même)

  3. Complètement d’accord avec tout ça !
    Les conférences étaient passionnantes mais beaucoup trop tôt, et il n’y avait presque personne dans le public. Il faut dire aussi qu’il y avait un soleil de plomb et que l’auditoire n’avait aucune protection : c’était assez pénible. Pour avoir de l’ombre, il fallait se mettre loin des conférenciers, dans l’ombre projetée par les différents stands…
    Le coin des startups était vraiment chouette, avec une vraie belle sélection. Il mériterait d’être encore bien plus grand les années prochaines ! Pour moi c’est vraiment ce qui a sauvé le festival cette année en tant qu’écolo qui le visite.

    Et tu sais, je me demande si c’est pas pour les raisons que tu as évoqué (et qui rendent ce festival schizo), que la zone vip était dédiée exactement au même type de personnes que dans tous les autres festivals : gros blogueurs, artistes connus, it girls it boys, personnes à gros réseau… Personnes bien souvent au niveau 0 de l’engagement écologique, ou en tout cas n’étant pas du tout connus pour leur implication sur ce sujet. Ça dit tout, non ?

    1. C’est clair que niveau chaleur, c’était insoutenable et qu’il n’y avait que très très peu de zones d’ombres… Alors sous le chapiteau des conférences, je n’ose pas imaginer !
      Effectivement, je n’avais pas fait le lien entre les personnes invitées en zone VIP et leur niveau d’engagement.
      J’ai vu qu’il y avait Enjoy Phoenix qui parle de plus en plus d’écologie… Mais sinon c’était surtout de grosses influenceuses mode pas du tout engagées. Une nouvelle incohérence à souligner ! Merci Ondine !

  4. Bonjour Elena sans h,
    Nous sommes Yanis et Flavien, 2 étudiants en terminale STAV (filière écologie et environnement). Suite à un exposé que nous devons réaliser sur le festival We Love Green, nous avons été amené jusqu’à votre article qui nous a été d’une aide grandiose.

    Tu n’as pas hésité à mettre en avant les points négatifs de ce festival et c’est pour ça que nous tenons à te remercier chaleureusement car je pense que grâce à toi notre exposé sera d’une plus grande qualité notamment sur le point critique que tu nous a apporté.

    Merci Elena!

    1. Hello !
      Je suis ravie que mon article vous aide !
      Bon courage pour la suite ! 🙂

  5. Merci pour ce message qui date un peu mais qui est toujours d’actualité. Notamment la cigarette, à savoir que la cigarette est polluante depuis sa fabrication jusqu’après sa consommation avec les mégots qui restent… et pourtant combien de photos de festivaliers avec leurs cigarettes à la main….

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