J’annonce toujours fièrement que j’adore lire. Pourtant, ce n’est que lorsque mon environnement est apaisé que j’y consacre réellement du temps. Pour moi, un environnement apaisé, c’est la mer, le sable et les vacances… Autant dire que je ne lis pas tant que ça, finalement ! Peut être que pour cette nouvelle année scolaire, je peux organiser des temps apaisés, même à Paris. En attendant, j’avais envie d’écrire une revue de lecture sur mes deux lectures estivales, avec une vieille fille et des pédés.
Une vieille fille que je rêve d’être
Je crois bien qu’adolescente, je faisais partie des personnes pour qui « vieille fille » était une insulte qu’il m’arrivait de proférer à celles à qui cela me semblait correspondre. Tout cela venait d’un sentiment de peur d’y ressembler. Parce qu’à cette époque, être une vieille fille signifiait d’être un échec.
Aujourd’hui et grâce au travail féministe que je fais sur moi-même depuis plusieurs années, être une vieille fille ne me fait plus peur. Même si l’expression reste celle de « la vieille tante acerbe, la collègue de bureau en pull tricoté main qui sert de bonne copine à un peu déphasée à l’héroïne [d’une série ou d’un film]. » (Vieille Fille, Marie Kock, page 26), elle est devenue le reflet reflète d’une femme indépendante et peu regardante de ce qu’on pense d’elle.
Pourtant, ça reste le truc qui fait flipper quand on est une femme trentenaire et célibataire : « vais-je devenir une vieille fille ? ».
La connotation désavantageuse de cette expression nous rappelle que nous avons une date de péremption due notamment à une perte de désirabilité aux yeux du regard masculin.
Et puis, il m’arrive souvent de dire à mes amies – pour beaucoup trentenaires et célibataires – que nous sommes en train de créer un nouveau modèle de la femme trentenaire. Et que même si cela nous rend heureuses, c’est aussi effrayant parce que nous n’avons pas de modèle représentant une vie à laquelle on aspire (un peu malgré nous, – puisque souvent, nous avons aussi peu voire pas d’espoir de construire un amour sincère avec un homme).
Jusqu’à ce que… j’ouvre les pages de cette proposition de Marie Kock.
Avant de conforter avec authenticité, humour et sarcasme, l’idée que je me fais d’une vie qui pourrait être la mienne dans 10 ans ; l’autrice passe en revue ce qui fait de la « vieille fille » un être indésirable et dégoûtant. Et puis… il y a ce moment auquel je ne m’attendais pas. Des pages suspendues qui m’ont valu quelques larmes. Je crois que j’aimerai bien que mon bouquin provoque ça.
Finalement, je ne raconte pas grand chose sur cet ouvrage acheté au hasard d’une ballade bordelaise. Retenez alors simplement que ce fut une très belle lecture, authentique et émouvante. Retrouvez Vieille Fille ici (je n’ai pas trouvé d’autre lien que celui d’Amazon alors que je boycotte la plateforme !).
Pédés, de la sororité chez les hommes
Je savais que ce bouquin serait bien. Mais je ne savais pas que ça serait à ce point là.
Quand, lors d’une promenade au Bois de Vincennes, Florent m’a parlé de ce collectif coordonné dans l’idée de raconter ce que c’est d’être pédé, j’avais hâte de l’avoir entre les mains parce que je voulais soutenir avant tout un copain.
Quelques mois plus tard, je suis allée à la conférence de presse organisée par Les Editions Point et j’ai compris l’intérêt de ce travail collectif : mettre en lumière les oppressions d’un système qui n’aime pas le pédé (le mot et l’homme) et la nécessité de lier les luttes pédés et féministes. À ce moment-là, je n’avais pas encore lu ce livre et c’était une bonne chose. J’ai pu découvrir – sans connaître leurs histoires, ces mecs qui venaient se livrer à nous après s’être dévoilé sur des pages blanches.
Pour cette lecture, je conseille de faire une pause entre chaque auteur, afin de laisser chaque texte prendre place dans votre digestion intellectuelle. Des textes qui ont tous une véritable intensité puisqu’ils racontent des vécus en dehors des sentiers battus de l’hétérosexualité.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est ce parallèle entre sororité et ce qui pourrait être une pédérité : des pédés politisés pour une mise en commun des luttes et un rapprochement avec les sphères féministes. J’ai aimé ça puisque je me suis dit que pour une fois, peut être qu’on (les féministes) pourrait compter sur les hommes et qu’eux-mêmes pourraient compter sur nous.
À vous de mieux comprendre les pédés ! Retrouvez ce bouquin juste ici.