Être féministe et heureuse couple hétérosexuel, c’est possible ?

Nous sommes en pleine révolution féministe post #MeToo. L’amour est partout, surtout dans un temps où c’est peut être la seule chose qui nous relie sincèrement entre nous. On lit, on l’écoute, on le questionne. Mais surtout, on se pose la question de la compatibilité entre féminisme et hétérosexualité. Alors, à votre avis : c’est possible d’être féministe et heureuse en couple hétérosexuel ? Bettina et moi-même allons tenter de répondre à cette question.

Avant-propos : Il y a quelques mois, une copine – consciente de mes convictions et engagements féministes – me demandaient : “comment tu fais pour être féministe et heureuse en couple hétérosexuelle ?”.
Sur le moment, je pensais avoir compris. Bah ouais, j’étais féministe et heureuse en couple. Sauf que l’hétérosexualité – ou plutôt, le patriarcat, m’a rattrapé. Depuis, je pense sincèrement que rien n’est jamais acquis, surtout lorsque l’on parle de féministe et d’hétérosexualité. En échangeant avec Bettina, l’idée d’un article à 4 mains est vite arrivée : nous partageons des valeurs communes, avec un vécu différent. On s’est alors dit qu’il serait intéressant de vous partager notre vision du fait d’être féministe et hétérosexuelle. 

Précisions : pour compléter ces propos, un live Instagram sur le sujet est prévu le samedi 11 décembre à 11h. Vous avez des questions ? Posez-les en commentaires ou directement sur nos comptes respectifs : Bettina et le mien

L’hétérosexualité est épuisante, par Eléna

Depuis l’adolescence, mes amies me disent “nan mais Eléna, on pourrait écrire un roman de ta vie amoureuse !”. Bah ouais, parce que depuis mes premiers amours, je n’ai cherché que ça, d’être amoureuse. Amoureuse d’un homme – parce que ça allait de soi

Sauf qu’être amoureuse d’un homme, ça implique aussi beaucoup de contradictions et de difficultés dans la manière dont je veux vivre une relation. Entre mon héritage relationnel, la société patriarcale et le besoin de me trouver, je me suis franchement perdue dans les méandres de l’hétérosexualité. J’ai connu plusieurs relations de longue durée, d’autres histoires plus courtes. Parmi toutes mes relations, je n’ai connu que deux hommes qui m’ont donné le sentiment de vraiment me respecter. Car oui, j’ai été dans des relations ultra toxiques : pervers narcissique, mythomane, misogyne, etc. 

Malgré tout, je me suis toujours considérée comme féministe. Cela s’exprimait par ma révolte intra-familiale : “pourquoi les garçons ne font rien et moi je dois tout faire ?”. Mais ça s’arrêtait là. Jusqu’au jour où j’ai quitté mon copain de 3 ans. Nous vivions une relation ultra étouffante et pour laquelle j’avais accepté beaucoup trop de choses, en m’oubliant complètement. Dès lors, j’ai senti mon féministe bouillonant, explosé à tout va. Je lisais, j’écoutais, je criais. J’arrivais enfin à trouver un biais d’expression.

2 ans et demi après, je sais que j’ai fait un bon bout de chemin de déconstruction (celui-ci ne s’arrête jamais, au fait). Entretemps, j’ai vécu une histoire amoureuse ultra belle, passionnée, fusionnelle et bienveillante. Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où… Patatra, le monsieur il a fait son mec cis hétéro en reproduisant un comportement pas du tout déconstruit

J’ai vite compris ce qu’il se passait parce que le féminisme, les lectures, les podcasts, etc sont passés par là. J’ai été violemment bousculée émotionnellement mais je m’en remets.
Aujourd’hui, je rencontre des mecs, par ci, par là. J’ai un filtre féministe qui me permet de cerner le mec en face de moi. J’en suis super fière et heureuse parce que je l’ai construit toute seule. Même si ouais, les mecs cis hétéro restent des mecs cis hétéro… dans toute leur splendeur et leur horreur. Et que j’en suis encore surprise aujourd’hui. 

Malgré tout, j’aime être amoureuse. J’aime partager des trucs avec mon partenaire que je ne partagerai avec personne d’autre. J’aime tous les clichés : se tenir la main, s’embrasser sous la pluie, dormir dans ses bras, etc. So what ? Ca ne fait pas de moi une mauvaise féministe. Ça fait juste de moi une personne, dans toute sa force et sa vulnérabilité. 

Alors oui, j’en ai vécu des trucs douloureux. J’en ai eu marre des relations hétérosexuelles, encore aujourd’hui. Je les vois parfois comme un poids, surtout depuis que le féministe fait parti intégrante de ma vie. Mais… je suis incontrôlablement attirée par les hommes. Est-ce une construction sociale ou non ? Je n’en sais rien. Quoi qu’il en soit, j’essaye de trouver une cohérence entre mes convictions et ma vie amoureuse. 

Quand le féminisme s’immisce dans la vie amoureuse, par Bettina

Je suis hétérosexuelle et j’ai toujours alterné entre des relations longues, de plus d’un an et demi et des histoires d’un soir. Je suis aujourd’hui en couple depuis bientôt cinq ans, mariée depuis presque 3 ans. Nous avons très rapidement vécu en couple (au bout de 3 mois). Récemment, on a décidé de tester de revivre séparément pour des problématiques de charge mentale de mon côté et pour recréer des moments plus qualitatifs dans notre couple. En effet, ce qui m’effraie le plus, c’est la routine, l’immobilisme. Force est de constater que le quotidien m’ennuie rapidement.

Depuis que j’ai commencé à m’intéresser au féminisme, il y a trois ans, et que je suis devenue média-activiste et rédactrice engagée depuis, j’ai de plus en plus de mal à ne pas voir le couple, et le modèle familial, sous un prisme positif

Pourtant, je reste en couple car mon mari est mon partenaire, mon équipe, et tant que nous nous porterons comme nous le faisons, je continuerai de considérer que je suis mieux avec lui que seule.  Toutefois, j’ai aussi l’intime conviction que si mon histoire actuelle venait à se terminer, je ne me remettrai pas en couple. 

Aujourd’hui, je suis heureuse dans mon couple, mais je vois, au fur et à mesure de mes réflexions, que mes convictions féministes s’immiscent dans mon intimité et qu’elles modifient ma perception et ma manière de vivre en couple. Comme me l’a dit Elena pendant nos discussions pour construire l’article,  l’ouverture qu’on gagne sur le monde grâce au féminisme provoque comme un backlash dans notre intimité. Un retour de bâton qui peut sacrément saper le moral.  

Pourtant, il est hors de question pour moi de revenir en arrière. De toute façon, ce serait tout simplement impossible. 

Ce que le couple hétérosexuel coûte aux femmes

L’injonction au couple 

Bettina :

Peut-on réellement être une femme en couple hétérosexuel sans subir aucune inégalité ? Peut-on vraiment être une femme féministe sans que cet engagement qui brûle en nous ne soit pas un “problème” dans un couple classique ?

Voilà deux questions que je me pose. 

La question du statut social qu’implique le couple VS le célibataire est aussi poignant : aujourd’hui, le couple reste un but désirable pour la majorité des personnes et la pression sociale peut donc être très forte. Quand on est célibataire, c’est qu’on a pas “encore” trouvé quelqu’un. Quand on est seul.e depuis trop longtemps, notre entourage peut nous culpabiliser via des phrases qui semblent anodines : “tu es trop exigeant.e”. 

La charge mentale dans le couple hétérosexuel

Bettina : 

Il y a deux mois, j’ai décidé de prendre un appartement, sans pour autant quitter mon mari. Si la question de la routine a motivé notre choix, celle de la charge mentale a carrément permis d’acter cette décision, comme je l’expliquais plus haut. En effet, je suis du genre plutôt maniaque, et mon mari, absolument pas. Je suis celle qui fait le plus gros des tâches ménagères, celle-qui pense à nettoyer la caisse du chat, à récurer les toilettes, à faire une machine régulièrement. 

Au bout d’un moment, j’ai trouvé cela bête de me disputer pour ce sujet, sachant que les engueulades restent très ponctuelles dans notre couple. 

Bien sûr, cette décision est un privilège liée à notre situation financière. J’ai remarqué qu’avoir à nouveau mon espace à moi était vraiment agréable, voire qu’il pouvait franchement donner un nouveau souffle à notre couple. Car si cela ne correspond pas à tout le monde, notre soif d’indépendance et de solitude s’épanouit beaucoup plus dans cette configuration. 

Je pense sincèrement que la charge mentale, portée encore majoritairement par les femmes, fait partie des raisons qui poussent de nombreux couples à se séparer. En 2010, l’Insee montrait que les femmes consacraient 1h26 de plus que les hommes à ces tâches, alors même que les deux travaillaient à côté. 

La charge émotionnelle, on en parle ?

Eléna : 

Franchement, la vie est cool pour les mecs en couple avec des femmes. On est tellement dans le care, la servitude, l’empathie, c’est trop facile ! Ils n’ont plus qu’à chiller sur le canapé en attendant que leur nana fasse le repas (pour faire dans les clichés qui existent et persistent aujourd’hui). 

Au-delà de la charge mentale évoquée maintes et maintes fois, on parle encore peu de la charge émotionnelle. Cette capacité, que les femmes ont, à porter tout le bagage émotionnel de leur compagnon, de leur famille. Elles sont un peu les poubelles à émotions des mecs – qui pensent toujours ne pas avoir besoin de voir un.e psy, d’ailleurs. Elles vont davantage être dans la communication, l’échange, l’expression des émotions, parce qu’elles ont été construites comme ça. Tandis qu’un mec sera dans la retenue, le “je mets sous le tapis les problèmes”, et fuir au moindre truc qui ne va pas. Alors ouais, je décris des situations qui semblent grotesques mais regardez autour de vous… Je suis sûre que vous avez connu et connaissez ça de près ou de loin. 

Tandis que les hommes sont poussés à ignorer les émotions pour favoriser la rationalité, à l’inverse, les femmes et les autres minorités de genre sont socialisées à s’occuper à l’excès des besoins et des sentiments des autres, jusqu’à l’oubli d’elles-mêmes.

Le Coeur sur la Table, épisode 9 : l’ingénieur et l’infirmière.

Être une femme et en couple hétérosexuel, ça peut vraiment être une plaie. Toutefois, je n’ai connu que ça. Je trouve aussi, que c’est plus facile quand on ne s’en rend pas compte. Quand on n’a pas encore fait un chemin de déconstruction. 

Ce que le féminisme apporte aux femmes hétérosexuelles

Assumer ses désirs et s’émanciper, par Bettina

Je pense que j’ai toujours été féministe, au fond. Simplement, il m’a fallu du temps pour poser des mots sur mes engagements. J’ai toujours considéré que le couple, s’il pouvait être une plus-value, n’est pas une condition sine qua none à mon bonheur, et surtout, que jamais, ô grand jamais, ce même couple devait sonner la fin de mon individualité. Je n’ai jamais eu de partenaire toxique, en partie car j’ai grandi avec cette certitude qu’un homme n’influencera jamais ma vie autant que moi. 

Or, j’ai bien conscience de ma chance puisque, de manière générale, on éduque les petites filles dans une perspective de care, d’altruisme, de soin aux autres, tout en expliquant bien que notre statut de personne genrée au féminin implique donc un sacrifice naturel pour autrui (sacrifice qui atteindrait son paroxysme avec la maternité). 

Grâce aux luttes féministes et aux nombreuses réflexions portées par les média-activistes, je réussis peu à peu à détacher la valeur que je donne à mon corps du regard masculin (male gaze). 

Le féminisme, une affirmation de soi, par Eléna

Avant d’être “vraiment” féministe, je me perdais dans le couple. Je m’oubliais, je m’effaçais. J’étais la jolie fille qu’on trimballe partout comme une plante. J’acceptais tellement de trucs qui ne me convenaient pas, sur tous les plans. 

Depuis, ça a complètement changé. Enfin, complètement… Y’a encore des choses sur lesquelles je peux faire des progrès. Aujourd’hui, je n’accepte plus de me mettre de côté. Je connais mes limites et je sais comment j’ai envie d’être considérée/traitée : avec respect et bienveillance. Par exemple, ça m’a permis de comprendre que j’avais besoin de vivre seule. J’étais heureuse avec l’idée d’être en couple sans vivre avec mon partenaire. 

Je considère mon partenaire avec beaucoup de respect. J’en attends de même de sa part. Plus de compromis là-dessus. J’ai aussi appris à avoir une sexualité plus épanouie : dans la communication et le décomplexe.  Alors oui, les mecs cis hétéro qui correspondent à mes exigences actuelles sont hyper, hyper rares. Mais comme dit mon psy : “plus on gravit l’Everest, moins y’a d’oxygène !”. 

La féministe parfait.e n’existe pas

Bettina : Mais on fait quoi, si on a envie d’être en couple malgré tout ? Hé bien, on peut aussi baisser la garde. Ce sont toujours les mêmes à qui l’on demande d’être 100% aligné.e.s, 100% droites dans leurs bottes, à qui on ne laisse jamais de marge de manœuvre. 

Certes, quand on voit la vie sous le prisme du féminisme, il est en général difficile de faire machine arrière. Mais, on a aussi le droit de vivre sa vie, promis. 

Eléna : Je suis ENTIEREMENT d’accord avec Bettina. En fait, être féministe, c’est aussi choisir ses combats. T’es pas à l’aise avec tes poils ? Bah épile-toi, on s’en fout. Garde ton énergie pour lutter ailleurs. Pour moi, c’est un peu pareil avec le couple hétéro : il faut savoir être cohérente avec soi-même et accepter que son partenaire soit un mec cis hétéro (et le package qui va avec hein). Ça demande de la communication et de la compréhension. Et puis s’il est ok de lire Mona Chollet ou de venir à une conférence de Françoise Vergès, c’est plutôt bon signe ! Mais attention, on tombe des nues encore plus fort quand on pense qu’un mec est plutôt déconstruit et qu’il finit par reproduire des schémas du mec médiocre. 

Peut-on être hétérosexuelle et féministe ?

Nous ne sommes personne pour dire qui est une “bonne féministe”. D’ailleurs, ça n’existe pas. Nous avons partagé nos expériences et réflexions sur le sujet, appuyées sur des années d’écoutes, de lectures et d’échanges entre personnes hétérosexuelles. Malgré la différence de nos parcours, nous en sommes venues aux mêmes conclusions : être hétérosexuelle et féministe n’est pas chose facile. Le problème n’est pas le couple hétérosexuel en soi, mais bien le couple tel qu’on le conçoit actuellement dans une société sexiste où les inégalités entre les genres perdurent.

Nous n’affirmons pas qu’il n’est pas possible d’être heureuse en couple hétérosexuel. Je l’ai été (Eléna), et Bettina l’est toujours aujourd’hui. Simplement, être féministe et en couple hétérosexuel implique de fixer des limites plus strictes que dans des circonstances plus traditionnelles. Ces limites, ce sont les choix que l’on fait dans ce que nous avons envie d’accepter ou non. Le féministe donne des outils et des clés pour faire ces choix en toute conscience, afin de vivre de manière la plus épanouie et cohérente possible, sans se compromettre.

Xoxo
Eléna et Bettina

8 Replies to “Être féministe et heureuse couple hétérosexuel, c’est possible ?”

  1. Bonjour Eléna et Bettina,
    Un grand merci pour cet article fort intéressant ! Sous la forme de votre échange, j’ai trouvé cela encore plus plaisant à lire.
    Hétérosexuelle et féministe comme vous, je me reconnais dans beaucoup des situations et des réflexions que vous exposez.
    Je partage un appartement avec mon compagnon depuis presque 5 ans et j’en suis très heureuse jusqu’à présent (à noter qu’à 37 ans, c’est la seule personne avec qui j’ai choisi de partager un logement commun depuis ma maison d’enfance avec mes parents). Mais je serais tout à fait prête à vivre séparément de lui si cela devait me/nous permettre d’éviter des situations inconfortables du quotidien et/ou impliquant une remise en question de notre couple.
    Je pense que c’est une option que peu de personnes envisagent car elle ne correspond pas aux schémas traditionnels ni à la vision patriarcale du couple et de la famille, notamment lorsque des enfants sont impliqués, alors qu’elle pourrait convenir à certain.es, voire être libératrice. Evidemment, comme le souligne Bettina, la question des moyens financiers n’est pas anodine car tout le monde ne peut se permettre de payer 2 loyers pour une même famille ou envisager un achat immobilier seul.e… Et, on le sait, beaucoup de femmes se retrouvent en situation de dépendance économique à leur compagnon (l’inégalité des richesses entre hommes et femmes est un fait, et je vous recommande la lecture de l’excellent ouvrage Le genre du capital de Céline Bessière et Sybille Gollac).
    Bref, beaucoup de questions connexes lorsque l’on parle du couple !
    Encore merci à vous pour ces réflexions,
    Anaïs

  2. La seule et vraie question, c’est : pourquoi des femmes qui détestent les hommes se mettent avec un homme ?

    1. Si l’orientation sexuelle était un choix, ça se saurait.

  3. C’est chouette de lire des vécus et des questionnements qui font écho aux miens.
    J’ai stoppé toute relation amoureuse pendant 3 ans. Pendant ces trois ans, je n’ai pas non plus rencontré de femme (je suis bi, mais j’habite dans la cambrousse, pas facile) avec qui j’aurais pu/eu envie d’avoir une relation amoureuse.
    J’ai bien aimé la phrase qui dit « attention, quand un mec a l’air déconstruit, la déception est d’autant plus grande ». Oh que oui ! Oh que je me reconnais là-dedans à travers la mauvaise passe que je vis avec mon amoureux.
    Je trouve ça très douloureux de réaliser que malgré toute mon attention, malgré toutes les exigences que j’ai (j’ai demandé et imposé le partage du travail relationnel en le formalisant), eh bien on retombe dans des schémas genrés classiques. Ça me désespère. Comme si l’égalité semblait totalement impossible.
    Pourquoi c’est moi qui passe des heures à lire des livres ou sur internet, écouter des podcasts, sur-analyser ? Pourquoi les mecs sensibles au féminisme ne se retroussent pas plus les manches pour regarder leurs fonctionnements genrés en face ? J’ai l’impression d’être une encyclopédie vivante du féminisme et des relations amoureuses, et d’avoir en face de moi quelqu’un qui s’y intéresse de loin. Alors que bon, si on est un mec pro-féministe, je sais pas, on devrait s’intéresser à comment ne pas être nul avec les femmes de son entourage ?
    Bref.
    Difficile de relier le besoin de relation amoureuse et le respect de soi en tant que femme. Vraiment difficile.

    1. Hello,
      Je te remercie pour ce que tu nous partages.
      Un an après la rédaction de cet article, mon avis est peut être un peu moins radical – dans le sens où j’accepte mieux que les hommes reproduisent des schémas genrés puisque moi-même j’en reproduis. L’essentiel est de savoir mettre le doigt dessus, de constater si oui ou non c’est quelque chose qui te dérange.
      Le travail émotionnel, les femmes en prennent la charge pour la grande majorité. Je sais qu’il peut être super pénible d’avoir l’impression de tout faire. Mais au fond, tu fais cela pour toi, non ? Si ton mec n’est pas capable de se bouger sur ces sujets malgré toute la documentation qu’il existe aujourd’hui, dommage pour lui car tu finiras peut être pas le quitter un jour. Parles-en avec lui ?

      1. Salut !
        Merci pour ta réponse !
        Oui bien sûr nous en parlons ensemble énormément.
        Et oui, je vais finir par le quitter. Pas de gaieté de coeur car c’est une personne géniale sur énormément de plans, mais incapable à l’heure actuelle d’exprimer ses besoins et ses limites dans une relation (du coup il dit « oui oui » et ne respecte finalement pas ce qu’on s’est dit). Et je ne peux pas le faire pour lui.

        Au fond je le fais pour moi, on peut voir ça comme ça, mais j’ai besoin que l’autre ait envie d’avancer là-dessus, car c’est trop lourd à porter seule. Je ne peux pas à la fois gérer mes émotions et celles de l’autre, c’est vraiment trop. C’est un travail épuisant, et je gère déjà ma fille en solo, qui a son lot d’émotions pas conscientes aussi, et j’ai très peu d’amis hommes pour cette raison : ils n’entretiennent pas les relations et je n’ai pas envie d’y mettre toute mon énergie.

        Le compromis que je peux faire, c’est de lancer la machine, de montrer où sont les outils, mais après, il faut que l’autre s’en saisisse un minimum. Et de ce que je vois autour de moi, ça n’existe pas chez les hommes, ou extrêmement rarement. Donc je vais tenter de diriger mon énergie vers les femmes et on verra bien !

  4. Je suis tombée sur ce bel article. Je suis née dans un pays, un système, une famille et une communauté religieuse ultra-conservatrice en Amérique du Sud. Désirant me libérer de cela à mes 22 ans car je réunissais les conditions pour quitter tout cela, je m’aventure à voyager et j’atterris en France. J’ai appris peu à peu à être me découvrir, à savoir qui j’étais et quelle était mon identité. Quelque temps après, je rencontre un homme que je considère très féministe. Un vrai ! Je constate avec les années -ça fait 4 ans et demie qu’on est ensemble -que j’ai des comportements comme ceux de ma mère et ceux des femmes de la communauté à laquelle j’appartenais ; ce qui est normal puisque j’ai grandi dans cet environnement-là. Or, j’ai horreur de moi-même ; je me sens piégée ! J’ai peut-être intégré ce discours -très autoritaire, très patriarcale, où la femme doit plutôt se taire car c’est ce qui dit la Bible, doit être soumise à une représentation masculine de dieu -d’une manière tellement profonde que, malgré ma prise de conscience je ne suis pas capable de m’en sortir.
    A l’heure actuelle, je vois un psychologue qui me fait prendre conscience de tout cela, mais ça reste quelque chose qui me fait souffrir et qui a une influence très grande sur mon couple. Quelqu’un s’est retrouvé dans la même situation ?

    1. Hello Sandra,
      Merci pour ton commentaire et témoignage.
      Mon conseil serait de ne pas vouloir tout changer à la fois car – comme tu le dis : c’est ancré.
      Peut être, essaye d’être compréhensive, indulgente et bienveillante envers toi-même ?
      On reproduit toustes des schémas, d’en avoir conscience c’est déjà une immense étape !

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