Le WWOOFING… cela faisait un bail que j’en avais entendu parler. De nombreux amis proches ont eu des expériences à l’étranger : Ecosse, Nouvelle-Zélande, Grèce, etc. C’est pourquoi j’ai souvent eu des regards surpris à l’annonce de mon WWOOFING… En France. Ce n’est pas par chauvinisme mais par simple souhait de ne pas prendre l’avion que ce projet s’est réalisé. Je vous raconte comment, pourquoi, et où j’ai eu ma première expérience de WWOOFING.
Le WWOOFING, c’est quoi ?
Ce terme vient de l’acronyme WWOOF qui signifie “World Wide Opportunities on Organic Farms”. En bref, faire un wwoofing, c’est proposer son aide bénévolement auprès d’agriculteurs.rices bio. C’est réellement ce qui définit plus largement cette expérience, même s’il existe une multitude de possibilités comme l’éthologie ou le bricolage.
Pourquoi avoir choisi de suivre cette expérience ?
C’est important de contextualiser afin de vous transmettre l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque cette décision fut prise.
J’ai toujours pensé qu’il était bon d’agir… C’est pourquoi j’ai fait pas mal de bénévolat pour des associations/ONG et que je continue d’en faire quand je peux, encore à l’heure actuelle. Cela permet aussi d’apprendre à mieux gérer son éco-anxiété.
Ici, disons que j’avais réellement envie de m’éloigner de tout : de Paris, de la ville, du bruit, d’un trop plein. Je venais de changer la composition de ma vie personnelle. Je vivais une vraie et douloureuse révolution intérieure. J’avais besoin de me sortir d’un quotidien oppressant et d’agir… Agir en mettant les mains dans la terre. C’est aussi simple que cela.
Et puis, on a toujours une amie qui sait ce dont tu as besoin quand toi-même ne le sais pas encore. Au détour d’une conversation, cette amie m’a dit “mais pourquoi tu ne ferais pas un wwoofing?”. C’est désormais chose faite.
Comment j’ai trouvé ce WWOOFING ?
Vous ne le savez probablement pas mais je suis une passionnée d’équitation. J’ai toujours aimé les animaux, en particulier les équidés. J’ai pratiqué régulièrement pendant environ 10 ans, fait des compétitions, jusqu’à ce que je découvre un plaisir beaucoup plus en accord avec mes valeurs : l’éthologie.
Pour ce WWOOFING, j’avais envie d’aller plus loin dans l’exploration de cette pratique respectueuse du cheval. Donc c’est ainsi que j’ai débuté mes recherches sur le site de WWOOFFrance : en tapant “cheval” dans la barre de recherches.
Il y avait environ une centaine de propositions.
Où est ce que j’ai fait ce WWOOFING ?
Bon… Et puis finalement, je suis allée dans une ferme spécialisée en production de petits fruits (fraises, framboises) et de lait bio. Il y avait des vaches, des ânes et je n’ai pas fait d’équitation. Que s’est-il passé entre temps ?
Philippe. Il s’est passé Philippe.
Plus sérieusement, j’ai commencé les recherches tardivement (début juillet pour un départ fin août) donc de nombreuses offres étaient déjà au complet. J’ai écrit à une vingtaine d’agriculteurs mais c’est Philippe qui m’a répondu en premier. Sa disponibilité lors de nos échanges m’a beaucoup rassuré. Après quelques jours de réflexion, j’ai décidé de suivre mon intuition en m’engageant auprès de Philippe et sa ferme de La Marsottière pour un WWOOFING de 2 semaines.
J’ai passé deux semaines dans la ferme de la Marsottière, en pleine terre bressoise. C’est un coin paumé de la France, entre le Jura et le pointe nord de la Bourgogne. Il y a beaucoup d’agriculteurs, très peu en bio/permaculture alors que les terres argileuses de cette région sont particulièrement bien adaptées à la culture en buttes… Et donc à la permaculture. Mais bon.
Interlude pratique
WWOOFFrance est une association. Il est demandé de payer une cotisation de 25€ par an pour avoir un accès à toutes les informations. Cette association demande également au wwoofeur de respecter un certain nombre d’engagements comme notamment un réel intérêt pour l’agriculture biologique, une volonté d’apprendre. Mais… C’est tout. Il n’y a pas de vrais engagements contractuels à respecter, ce qui peut parfois causer de mauvaises surprises. C’est pourquoi je vous recommande de poser un maximum de questions à la personne qui vous accueillera afin de vous assurer d’être sur la même longueur d’ondes.
Ce que je retiens de cette expérience ?
Il m’en aura fallu du temps pour me lancer dans la rédaction de cet article… Quatre mois auront été nécessaire avant qu’il apparaisse dans la blogosphère. Il s’agit probablement d’une forme d’incubation, d’une nécessité à faire le point sur ce que j’ai appris pendant ces 2 semaines (et de procrastination… mais chuuut!).
Voici donc point par point, ce que je retiens de cette expérience. Pour davantage de détail sur les activités quotidiennes et la vie de la ferme, je vous invite à regarder une série de publications Instagram du jour 1 au jour 14 !
Ce que j’ai apprécié :
- immersion en pleine nature
La ferme de Philippe se trouve à côté d’un village d’environ 200 habitants. Je pense avoir vu une vingtaine de voitures passer devant la ferme en 2 semaines… Et non, je n’ai pas ressenti d’angoisse vis-à-vis de cela car c’est exactement ce dont j’avais besoin : être loin des gens. D’où le fait que je sois également partie seule.
- des fruits et des animaux
La Marsottière étant spécialisée en culture de fraises, framboises, permaculture de manière globale (on teste tout ce qui peut pousser), et en production de lait bio, il y a une multitude de choses à faire. Parmi mes principales missions, j’ai ramassé/trié les pommes en vue d’en faire du jus et/ou du cidre, entretenu les fraisiers et framboisiers (arrosage, cueillette), entretenu le potager en permaculture, aider à la traite des vaches, soigner les ânes, etc. Tout était très varié !
- découvrir une nouvelle région
Complètement inconnue au bataillon, j’ai été ravie de découvrir une nouvelle partie de France. Le gros + : Philippe m’a emmené découvrir les montagnes jurassiennes : des cascades, à la vue sur le Mont Blanc en passant par les grottes. Merveilleux !
- le contact avec les animaux
C’est vraiment ce que j’ai préféré : être en permanence autour de animaux. Le contact avec les vaches est celui qui m’a le plus touché. J’ai appris à comprendre leur comportement, leurs réactions. A savoir également comment je devais réagir, me positionner, etc. Quant aux ânes… bon bah les ânes, j’ai toujours aimé ça. A tel point que mon doudou est un âne. Oui.
- cuisiner ce que l’on a récolté
Je n’ai jamais autant apprécié cuisiner que pendant ce WWOOFING. Cueillir les tomates et courgettes le matin, en vue d’un gratin ou tout autre chose : c’était vraiment le pied ! Tout à meilleur goût du coup. 🙂
- les discussions écologiques autour des framboisiers
Je pense que l’on peut difficilement être paysan-agriculteur sans avoir des convictions écologiques. Pendant nos cueillettes de fraises et de framboises, on discutait énormément d’écologie, avec Philippe : de la désobéissance civile, au nucléaire, en passant bien sûr, par l’alimentation. J’ai beaucoup appris. Et j’en ai aussi profité pour parler féminisme !
- se sentir bien dans son corps
Être dehors en permanence, se bouger, respirer… Tout cela participe au fait que l’on se sente bien dans sa tête et dans son corps. Je me suis sentie vraiment tonique et forte lors de mon retour à Paris. Après un été à bosser sur son mémoire, le sensation était parfaite.
Ce que j’ai moins apprécié
- me sentir un peu “de trop”
Philippe et sa femme, Marie-Laure, m’ont tous les deux accueilli pendant ce WWOOFING. Malgré leur gentillesse, je pense que parfois il aurait été mieux pour eux comme pour moi d’avoir des temps “morts”. Ce n’est pas facile de vivre au quotidien chez ses parents… Alors d’être une inconnue au milieu d’un couple, encore moins !
- pas d’autres wwoofeurs ou personnes avec qui connecter
J’avais envie parfois de debriefer de la journée avec d’autres personnes que Philippe. Non pas que sa compagnie était désagréable, au contraire. Mais lancer des blagues, boire un coup, mettre un peu de musique, raconter nos vies… C’est quelque chose qui m’a manqué. Mes ami.e.s m’ont d’ailleurs incroyablement manqué pendant ces deux semaines !
- ne pas toujours savoir quoi faire
J’ai tendance à vouloir toujours faire beaucoup de choses. J’aime prendre les devants, être autonome, enchaîner les différentes missions, apprendre, apprendre, apprendre. Sauf que parfois, il y avait des temps morts… Et dans ces moments-là, je me sentais un peu démunie.
Mon bilan, quatre mois après
Arrivée avec mes petits souliers de citadine, j’ai appris ce qu’est la réalité d’une ferme, aujourd’hui. Entre les factures à payer, la responsabilité totale envers ses animaux, le fait que chaque être vivant doit avoir son utilité, qu’il s’agit d’une vie entièrement consacrée à sa ferme.
Je suis sincèrement heureuse et fière d’avoir fait cette première expérience de WWOOFING. J’ai l’impression d’avoir mieux compris les enjeux liés à notre alimentation, la nécessité d’apprendre de celles et ceux qui nous permettent de vivre, et surtout… l’humilité. Une humilité qui doit être celle avec laquelle on se présente : on ne sait rien. On apprend tout (même quand on croit savoir). On écoute, on s’inspire, on s’interroge.
Est ce que je ferai une autre expérience de WWOOFING ?
Oui, sans aucune hésitation. La prochaine fois, avec d’autres wwoofeurs.euses, idéalement !
Bon, et parce que j’aurais aimé savoir cela en me lançant dans cette aventure, voici quelques recommandations :
- commencer les recherches au moins 2 mois à l’avance
- répondre aux personnes qu’on a sollicité
- ne pas prendre ça pour des vacances “détente”
- prendre le temps de comprendre le fonctionnement de la famille qui nous accueille
- poser toutes les questions avant de s’engager pour éviter les mauvaises surprises : c’est dans l’intérêt du paysan de vous accueillir aussi et s’il n’est pas coopératif, passez votre chemin ! De plus, il n’y a pas de réglementations précises concernant l’engagement du wwoofeur… hors mis “5 heures de travail par jour”.
- avoir envie d’apprendre et de sortir de sa zone de confort
- garder le lien avec la personne qui vous accueille, après l’expérience
Et pour finir… je n’avais absolument AUCUNE idée de ce qu’il fallait emporter dans ma valise. Alors, voici ce que j’ai utilisé :
- mes chaussures de rando (en mode, elles puaient la mort à la fin des 2 semaines)
- un short en jean
- un pyjama long (pour les nuits fraîches)
- un gros sweat
- des soutifs de sport (plus pratique que les soutifs classiques)
- des tops sans manches et des tee-shirts (1 par jour, mais j’aurais pu faire 1 tous les 2 jours)
- une casquette (teeeeellement indispensable)
- une petite doudoune
- une écharpe
- des gants pour jardiner
Et… c’est tout !
Bon, maintenant que vous avez toutes les infos pour faire un WWOOFING, j’espère que vous vous engagerez pour vivre cette expérience en 2020 !
xoxo
Elena sans H
Merci pour ton retour d experiences. Un de ces jours je me laisserait peut etre tenter par le woofing moi aussi…
Bonjour Elena, parfaite cette entrée en matière… merci pour ta synthèse
Y’a plus cas, mois aussi je saute le 1er pas début oct. ! (normalement aussi en bourgogne)
Génial et bravo ! J’espère que tu vivras une belle expérience. 🙂