Le « Made in China » est-il forcément mauvais ?

Que vous soyez adepte d’une consommation responsable ou non, vous avez certainement entendu maintes et maintes fois que d’acheter de la mode Made in China n’est vraiment pas l’idéal. Conditions de travail peu respectueuses de l’humain et de l’environnement ainsi que parti-pris de la quantité plutôt que de la qualité, les arguments s’additionnent rapidement quant au choix de provenance que l’on fait. Pourtant, des marques éthiques comme Patagonia produisent en Chine.
La question se pose alors : le Made in China est-il forcément mauvais ?

J’illustre mes propos avec une marque que dont j’aime beaucoup la fraîcheur : Soi Paris. (cet article n’est pas du tout sponsorisé)

Savoir choisir

La première chose à savoir lorsque l’on se pose la question du pays de fabrication, c’est que si vous optez pour des marques dites de « fast fashion* », je ne peux que vous dire que cela ne sera pas bon. Certaines, comme H&M, vont proposer des lignes « green » avec des fibres en coton bio ou du tencel (la nouvelle matière issue du bois). Mais les conditions de travail resteront toujours calamiteuses avec notamment des salaires très bas pour continuer à proposer des vêtements aux prix très bas. N’oubliez pas de regarder le reportage de l’émission Tout Compte Fait pour comprendre l’impact de ces vêtements bons marchés. 😉

Une fois cette pré-sélection faite, de nombreuses marques plutôt moyen-haut de gamme produisent également en Chine**. Beaucoup d’entre elles optent pour cela afin de réduire les coûts de production. Mais quelques unes ont des raisons tout à fait éthiques et valables quant à ce choix de la fabrication chinoise. Comment savoir cela ?

*Fast fashion : c’est le terme que l’on utilise pour décrire des vêtements fabriqués très rapidement, en très grande quatité et dont la durée de vie est très limitée. C’est de la mode rapide.

**Attention, la dénomination « Made in China » n’est pas forcément utilisée. Vous pourrez, par exemple, trouver sur les étiquettes le terme made in PRC qui veut dire People’s Republic of China. C’est pour faire un peu plus stylé ou même pour méprendre des personnes ne sachant pas ce qu’est le PRC.

Interroger les marques

Tous les ans, la Fashion Revolution Week regroupe des acteurs engagés pour une mode plus durable qui interrogent les marques avec le hashtag #WhoMadeMyClothes. Cette action ne doit pas se limiter à une seule semaine par an. Les marques sont dans l’obligation de répondre aux questions de leurs potentiels clients. Certaines resteront évasives, et c’est là où il faudra se méfier. Néanmoins, c’est une bonne solution si vous aimez une marque ou un produit mais que la manière dont il est fabriqué vous importe. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait pour la jupe et le top Soi Paris : repérés depuis plusieurs mois, avant de passer en boutique j’ai interrogé le service client ultra disponible par chat. Mes questions étaient : avez-vous des labels certifiant la production de vos vêtements ? Pourquoi fabriquez-vous en Chine ? Et enfin, avez-vous une alternative concernant les jupes fabriquées en polyester ?

Voici leur réponse : « notre usine a de nombreuses certifications dont la WRAP* pour le social et l’ISO14001** pour l’environnemental. Il s’agit d’une usine très réputée pour la soie et qui a pour principe « putting people first, putting harmony firts and putting diligence first. » Quant au polyester, il s’avère que c’est la seule matière qui procure le plissé que les créatrices aiment tant… On m’a également assuré que tous les vêtements, y compris ceux en coton et en polyester sont fabriqués dans cette même usine certifiée. C’est donc sans culpabilité que j’ai pu me rendre en boutique avec l’objectif de m’offrir cette jolie jupe dont je rêvais depuis plusieurs mois. D’autant plus que l’on m’a également précisé que les créatrices se rendent au moins 2 fois par an sur les lieux de production et que le personnel semble être particulièrement respectueux de l’environnement de travail.

*WRAP : Worldwide Responsible Accredited Production. C’est un label très strict qui certifie la dimension sociale positive d’une manufacture.

**ISO14001 : ce label certifie que l’entreprise maîtrise son impact environnemental.

Un savoir-faire local

Prenons l’exemple de Soi Paris, qui, comme son nom l’indique, propose une large sélection de vêtements à base de soie. Les vegans qui passeront par là se tireront les cheveux… Chacun ses convictions, sa manière d’agir et ses engagements. 😉

La route de la soie, ça vous dit quelque chose ? C’était une route qui reliait la Chine à la Turquie, dont la soie était l’un des matériaux les plus exportés… de Chine. C’est donc une matière qui existe depuis des millénaires dans les contrées chinoises, et cela paraît évident que ce sont eux les experts de la soie aussi bien en termes de production de cette matière première qu’en termes de fabrication de vêtements. C’est un peu comme la dentelle de Calais, ou le batik burkinabé : c’est un savoir-faire local et transmis depuis de très nombreuses années, qu’il n’est pas forcément nécessaire de délocaliser.

Des matières premières à proximité pour limiter le transport

La Chine est le premier production de coton (25,9 millions de tonnes…) et le premier production de soie (170 000 kilos) au monde. (chiffres provenant du site Planetoscope). A moins que la matière première doive traverser un océan, le transport se fait avant tout en camion. L’impact sur la pollution de la planète peut très vite augmenter.

Cela paraît donc logique qu’une marque, afin de limiter son empreinte carbone, décide de faire appel à une usine labellisée, qui se situe géographiquement proche des cultures de coton et/ou de soie. L’usine de Soi Paris a notamment un local avec ses propres vers à soie…

Des usines labellisées

De nombreux labels éthiques pour le secteur du textile existent aujourd’hui. Ils assurent aux producteurs des conditions de travail décentes, permettent également de respecter l’environnement et donc d’avoir une image positive auprès de leurs clients qui eux seront rassurés par ces labels. Ils sont l’unique assurance que le produit acheté est respectueux de ce qui vous importe.

Pour aller plus haut (non Tina, sort de ce corps) loin :

Je ne vous le répèterai jamais assez : les articles de Manon du blog Happy New Green sont d’une très grande qualité car toujours bien documentés et clairs à comprendre. Manon avait repris en détails les progrès restant à faire côté conditions de travail en Chine. Je vous recommande vivement la lecture de cet article qui vous permettra de comprendre ce qui est « mauvais » dans ce made in China (valable également pour le made in Bangladesh, made in Thailand, bref, tous les pays où les régulations ne sont pas aussi strictes que dans certains pays européens et encore moins respectées.).

En bref, le made in China est-il forcément mauvais ?

La réponse est non. Si vous agissez, en tant que consommateur, en questionnant les marques, et prenant un peu de temps pour trouver les informations qui vous intéressent et agir ainsi en faveur d’un made in China respectueux, il n’est pas mauvais. C’est à vous de choisir.

Cela dit, il existe aussi du Made in France pas si bon… La réglementation autorise une marque a mentionné qu’un produit est fabriqué en France dès lors que 40% du coût de production est fait en France. Donc si un produit vous semble très peu cher (les salaires étant beaucoup plus élevés en France qu’en Chine) et contient cette étiquette là, c’est un peu louche…

J’espère que ces informations vous seront utiles, et qu’elles vous permettront de faire des choix de plus en plus réfléchis. 🙂

xoxo

Elena sans H

Ce que je porte : 

Une jupe et un top Soi Paris (collection hiver 18), une veste Levi’s vintage, une paire de Converse (vieilles!) et un sac vintage. 

Photos : Aline et Félix <3

10 Replies to “Le « Made in China » est-il forcément mauvais ?”

  1. Ton article est très intéressant merci 🙂
    C’est vrai que le made in china a une mauvaise réputation alors que comme tu dis ce n’est pas forcément mauvais. D’ailleurs t’as du made in Italy de qualité vraiment médiocre comparé à du china et dont les conditions de travail laissent aussi à désirer…

    1. Merci à toi pour ta lecture. 🙂
      Tout est une question de se renseigner sur là où c’est fait, comment c’est fait, etc… Comme mentionné à la fin de l’article, le made in France n’est pas forcément bon!

  2. Salut ! Tu as raison, tout est une question de nuance: rien est totalement noir ou blanc. Je me questionne de plus en plus sur mon mode de consommation concernant mes fringues. Je regarde assidûment les reportages sur le coton d’arte sur envoyé spécial, c’est toujours riche en renseignements. Et ton article complète parfaitement mes connaissances alors merci 🙂

    A bientôt,
    Line

    1. Merci à toi pour ton passage et ton commentaire. C’est toujours encourageant d’avoir des retours, d’autant plus que je doutais qu’un tel sujet intéresse mon lectorat donc c’est une belle surprise!
      Chaque parcours éthique est différent. Le tout c’est de prendre conscience des choses et changer peu à peu ses habitudes. 🙂
      Alors bravo à toi si tu prends conscience de ta consommation. La première étape c’est de se poser des questions.
      Ensuite, le reste viendra et je trouve que c’est génial si tu t’informes sur l’envers de ce décor de la mode ! 🙂

  3. hello,
    je te remercie de partager ton savoir en ce domaine essentiel, j’ai appris récemment en travaillant avec une marque, que produire uniquement en Europe était une plutôt bonne solution, j’en ai déduis que le soucis c’est le transport souvent qui pose problème, qu’en penses-tu? à ce niveau, de ton côté, j’aimerai avoir ton avis. Sur mon blog Y.B Paris je met aussi en avant une certaine idée de l’éthique de la marque sur le plan développement/production/distribution/main d’oeuvre et encore bien d’autres critères.

    1. Hello !
      Merci pour ton passage ici. 🙂
      Je pense qu’il n’y a pas de « bonnes solutions » mais plutôt des solutions qui limitent les dégâts.
      Pour l’Europe, certaines usines ne sont pas du tout respectueuses des salariés (certaines se trouvent même au Portugal) donc ce n’est pas forcément une question de transport. Le transport aura un impact sur l’environnement, c’est certain. Donc s’il est limité, tant mieux. Mais d’autres éléments rentrent en ligne : les conditions de travail, le salaire, les matières premières, la gestion des déchets, etc.
      Et parfois, le made in Europe ne va pas être top… Donc vraiment, cela dépend des cas! 😉

  4. Super article ! En fait, ça dépend beaucoup des cas, des marques… Et juste pour info, PRC veut plutôt dire « popular republic of China » 😉

    1. Merci pour ton commentaire. 🙂
      Effectivement, ça dépend… C’est pourquoi il vaut toujours mieux se renseigner auprès des marques et leur poser la question #WhoMadeMyClothes ?
      PRC veut en effet aussi dire « Popular Republic of China » mais aussi, comme je l’indique « People’s Republic of China ». 😉

      1. Désolée je ne savais pas, au temps pour moi😉

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