La solastalgie et l’éco-anxiété, comment les gérer ?

Un nuage de sororité et d’énergie militante : voilà ce sur quoi je flotte depuis que j’ai participé à la retraite « éco-sérénité » proposée et organisée par le collectif Edeni (nous étions en non-mixité par pur hasard). Celle-ci offre un espace d’expression et de bienveillance aux personnes traversant des phases de solastalgie et d’éco-anxiété, mais pas que. Je vous raconte mon expérience à travers cette retraite pour apprendre à mieux gérer la solastalgie et l’éco-anxiété. 

Temps de lecture : 5 minutes.

Précisions : cet article n’est pas sponsorisé et je me suis offert cette retraite.

Merci à Léa Garson pour les photos.

La solastalgie et l’éco-anxiété, c’est quoi ?

Le terme de solastalgie est encore peu répandu – connu par les militants et activistes mais peu du grand public – bien qu’il soit devenu un concept philosophique emblématique des luttes environnementales. 

La solastalgie est un néologisme inventé par le philosophe Glen Albrecht dans les années 2000. Il regroupe les mots de réconfort (“solace” en anglais), de désolation et de nostalgie. Littéralement, on peut traduire la solastalgie ainsi : “la nostalgie du réconfort”. 

Toutefois, ce mot s’utilise dans un contexte bien précis, lorsque des personnes font face à une détresse environnementale et climatique. 

“(La solastalgie), c’est une émotion chronique, située et douloureuse, éprouvée face à un changement environnemental négativement perçu”.*

Source : https://www.franceculture.fr/environnement/solastalgie-eco-anxiete-les-emotions-de-la-crise-ecologique

L’éco-anxiété, quant à elle, désigne l’anticipation face à ce qu’il peut ou pourrait arriver. Elle s’exprime notamment par le sentiment d’angoisse, de stress.

On admet alors une différence entre la solastalgie et l’éco-anxiété : la première est une émotion du présent qui peut passer par la peur, la colère, la tristesse. Tandis que le second est l’expression d’une anticipation. 

Ces concepts, qui sont par ailleurs bien réels et vécus par de plus en plus de personnes, peuvent nous amener à rompre les liens avec le monde extérieur, à s’isoler, à se sentir incompris.e ou démuni.e face à l’urgence climatique et sociale. Ce sentiment s’apparente à un état de dépression. Mais, il est possible de dépasser cet état grâce au Travail qui Relie : une méthode de Joanna Macy, proposée par le collectif Edeni pendant cette retraite “éco-sérénité”. 

La solastalgie et l’éco-anxiété : une méthode pour mieux les gérer

Le Travail qui Relie, c’est quoi ?

“Basée sur les travaux de l’écopsychologue Joanna Macy et sa méthodologie du Travail Qui Relie, cette retraite prend la forme d’un voyage initiatique ayant un commencement et une fin : un passage de l’anxiété à la sérénité. Sans faire taire notre indignation.”

Joanna Macy, écopsychologue américaine, a créé le Travail qui Relie dans les années 80, pour proposer un support psychologique aux militants anti-nucléaires de l’époque. Son travail se base sur une approche collective à travers une série d’ateliers offrant la possibilité à chacun.e de réaliser qu’il/elle n’est ni seul.e ni isolé.e dans ses luttes. Ces ateliers offrent un espace de libération de la colère, frustration, du découragement aussi – pouvant être vécu par les militant.e.s. Au-delà d’une méthode qui participe à recréer du lien entre personnes, chaque atelier est orienté vers le rappel de notre lien au Vivant et dont nous faisons fondamentalement partie. 

Le Travail qui Relie se déroule ainsi (à lire en détails sur le site d’Edeni) : 

  • Etape 1 : S’ancrer dans la gratitude. Pourquoi cela vaut-il la peine de se battre ? Et bien parce que oui, il y a une certaine magie du vivant, et l’affirmer et le confirmer, c’est une bonne manière d’initier ce travail.
  • Etape 2 : Reconnaître et honorer notre douleur pour le monde : Plutôt que d’enfouir des sentiments que nos cultures ne nous ont pas appris à avoir. L’étape sans doute la plus difficile mais libératrice du Travail Qui Relie, avec des exercices à manier avec précaution.
  • Etape 3 : Aller de l’avant : Il s’agit de réaliser son appartenance à un ensemble et de découvrir que nous avons le pouvoir de créer une société soutenable.
  • Etape 4 : Passer à l’action : Identifier nos aspirations pour mettre nos talents et ressources au service du vivant.

Le Travail qui Relie, ça sert à quoi ? 

Le Travail qui Relie m’a vraiment permis de reprendre conscience du lien étroit, indissociable, qu’il existe entre écologie, social et féminisme (on peut aussi considérer que le social englobe le féminisme, évidemment). En plus de ça, je me suis sentie hyper liée à toutes les femmes avec qui j’ai eu la chance de vivre cette expérience : nous étions liées par nos convictions, nos douleurs, nos colères, nos peurs et nos tristesses. Nous avons exprimé ces émotions sans craintes, sans jugements, sans retenue. Diantre, que c’était bon de ne plus se retenir ! 

Enfin, le Travail qui Relie arrive dans une continuité de reconnexion aux éléments : la terre qui nous supporte, les arbres qui nous permettent de vivre, l’air que l’on respire, la pluie, la chaleur du soleil, etc. J’étais beaucoup plus à l’écoute de tout cela pendant ce séjour – et peut-être encore aujourd’hui. 

Au sortir de cette retraite éco-sérénité, j’ai senti que j’avais un immense regain d’énergie. Une énergie qui s’était évaporée depuis plusieurs mois d’ailleurs. Mais là, enfin : elle était là. Palpable jusqu’au bout de mes doigts ! C’est à ça que sert le Travail qui Relie : s’appuyer sur l’énergie fédératrice pour partager un délicieux gâteau d’énergie avec les autres et avec soi

La retraite éco-sérénité, c’est pour qui ? 

En introduction de cet article, j’ai parlé d’un nuage de sororité sur lequel je flotte.
J’vous assure, c’est trop chouette ! Je vous racontais l’importance de la sororité dans cet article.
Toutefois, sachez aussi que cette expérience n’est pas proposée qu’en non-mixité : elle s’adresse à toutes les personnes qui ont besoin (et la possibilité) de s’offrir un temps de pause, de faire le bilan sur leurs engagements et de recréer du lien. 

Quand j’ai réservé ma place pour cette retraite, ce n’était pas pour des raisons liées à la solastalgie ou l’éco-anxiété. J’étais en plein burn-out, j’avais besoin de m’offrir un espace de pause, dans un cadre en adéquation avec mes convictions. Lors de mon arrivée, je ne comprenais pas encore trop bien ce que je faisais là et pourtant… J’avais l’intuition que ça m’apporterait quelque chose de bien. 

Même si vous n’avez pas le sentiment d’être en pleine solastalgie ou submergé.e par l’éco-anxiété, vous pouvez participer à cette retraite. Même si vous êtes militante féministe, bénévole dans une association d’aide aux personnes réfugiées, salarié.e auprès d’une entreprise qui fait du greenwashing, végétarien.ne depuis 3 jours, avec des poils sous les bras ou pas. Peu importe : si vous avez fait le choix d’y aller, c’est qu’il y a de bonnes raisons

Merci à Léa et Camille, sans qui je n’aurais pas eu l’idée de venir !

Ce que la retraite éco-sérénité m’a apporté 

Je ne pensais pas écrire un article sur cette expérience. Je voulais la garder pour moi, dans ma bulle intérieure. Et puis, à la fin du weekend, j’ai réalisé à quel point il serait dommage de garder cette belle chose pour soi, et à quel point j’aimerais que d’autres puissent profiter de tout le bien que ça m’a apporté. 

Grâce à cette retraite, j’ai retrouvé l’énergie que j’avais du mal à saisir depuis plusieurs mois. Je me suis sentie reboostée, consciente plus que jamais de ma légitimité dans ce monde, dans ces luttes. J’ai aussi déculpabilisé face à ce que je considérais comme un manque d’implication dans les luttes écologistes, le féministe ayant pris le pas ces derniers mois. Je m’en voulais de ne pas assez parler de l’un au profit de l’autre, de ne pas suffisamment sensibiliser à l’un parce que l’autre prenait toute mon énergie, de ne pas être assez présente, militante. Bref, c’était un peu comme une course contre moi-même. Et puis… on m’a chuchoté à l’oreille que toute prise de conscience, toute action, même celle qui paraît la plus infime, sera toujours positive face à l’urgence de ce que l’on vit. 

Cette retraite m’a permis d’accepter le fait que j’avais le droit de prendre soin de moi, que c’était presque une priorité pour ensuite, prendre soin des autres et du Vivant à travers mon militantisme. 

Et surtout, surtout… J’ai compris ce que je faisais là. 

Après le premier atelier (que l’on appelait “rituel” mais rien d’ésotérique ici!), tout s’est éclairé. C’était comme si le brouillard dans lequel j’étais, s’était soudainement levé. C’était bouleversant. J’en ai pleuré tellement j’étais émue d’avoir compris. J’en ai encore les larmes aux yeux aujourd’hui en y repensant, tellement ce moment était fort. J’avais compris que l’écologie fait partie intégrante de moi – tout autant que le féminisme et les luttes sociales. J’avais compris que mon burn-out n’était pas que le burn-out d’une salariée frustrée, mais qu’il était aussi lié à mon besoin de cohérence, d’engagement, d’utilité. 

Je vous souhaite sincèrement de vivre cette expérience du Travail qui Relie.  

Les détails : lieu, tarif, repas ?

Niché dans un petit village de la Normandie, le cœur du hérisson est un écolieu comme y’en n’a pas mille : l’espace est gigantesque, avec deux magnifiques chevaux, des oiseaux qui font la fiesta tous les jours, une rivière, des arbres partout… Et une grande maison prête à accueillir les retraité.e.s de l’éco-sérénité. 

Les repas sont réalisés par Lucile : une crusinière. Elle ne propose que des plats crus et c’est incroyablement bon. Bon pour dégager vos intestins aussi ! #oopsy

Vous arriverez en début d’après-midi vendredi pour repartir le dimanche après-midi. Avec repas, ateliers, nuitées pour 329€.

Retrouvez la page dédiée juste ici : https://www.edeni.fr/formations/retraite-ecoserenite/

4 Replies to “La solastalgie et l’éco-anxiété, comment les gérer ?”

  1. Merci pour ton partage. Il faut déjà de la force et du courage d’oser exprimer ses émotions et y faire face pour soi mais le partager c’est un pas !
    Je me permets de rebondir sur la solastalgie. Je ne connaissais pas ce mot et pour cause il est récent et je me suis demandée ce que j’allais trouver comme définition. Et finalement il va en adéquation avec ce que je ressens depuis des mois face aux protocoles de vie de notre société depuis quelques temps. Je suis en colère. Pas tout à fait en permanence car j’arrive à ne plus y penser et me concentrer sur des choses comme l’art d’écrire ou bien des projets que j’espère voir le jour.Je suis infirmière, ce qui n’arrange pas mes émotions car je vois des choses anti-déontologiques et pour moi n’on humanisantes. Je m’arrête là dans mon constat. Simplement je remarque que je peux mettre un mot sur la colère que je ressens. Cela ne changera peut-être pas grand chose mais j’irais sans doute m’y intéresser. Alors merci à toi et merci pour tes articles. Vivre une retraite m’a toujours intéressée ne serait-ce que pour me centrer sur mon âme. Belle continuation à toi ! 🙂🥰

    1. Avec plaisir Stéphanie. 🙂
      Exprimer mes émotions, j’ai du mal à voir ça comme quelque chose de courageux parce que je suis relativement expressive (et en plus hypersensible donc c’est mon lot quotidien haha).

      Je suis vraiment ravie que tu parviennes à mettre des mots sur ce que tu ressens. Ca peut paraître anodin mais en réalité, ça a beaucoup d’importance. Déjà, ça permet de réaliser que ton ressenti est une réalité, sans être une fatalité. Ca permet aussi de savoir que tu n’es pas seule (et ça, c’est énorme !).

      Ca doit être d’autant plus difficile dans ton métier. Tu es courageuse chaque jour !
      Peut être que tu peux te rapprocher d’un.e écopsychologue ? Ou du moins, de quelqu’un auprès de qui en parler ?
      Aussi, vivre une retraite comme celle-ci permet de vraiment lâcher prise, enfin plutôt de lâcher tout ce que tu as à l’intérieur de toi sans peur du jugement. Si tu en as l’occasion, écoute ton intuition et vas y !

      Plein de câlins.

  2. Merci à toi et tes pensées. Je pense oui que faire une retraite serait bénéfique et salvateur pour moi. J’ai toujours été attirée par cette démarche sans trop savoir pourquoi le faire. Au final pourquoi toujours trouver des raisons à agir ? Si une intuition est là, une envie, il faut le vivre au moment opportun. Courage à toi ! 🙂😍

    1. Je suis entièrement d’accord avec toi !
      D’ailleurs, j’ai une copine qui anime une retraite 100% féminine en Normandie et c’est la semaine prochaine. Voici le lien de sa retraite : https://www.facebook.com/events/1110515672747551

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